Un vieillard comme héros d'un film. Voilà ce qui aurait pu faire couler Là-Haut selon les actionnaires de Wall Street craignant que l'idée de Pete Docter de mettre comme personnage principal un homme très âgé dans un nouveau film d'animation soit trop casse-gueule et n'attire pas le public dans les salles. Le réalisateur de Monstres & Cie ne se souciera pas de ces inquiétudes et mettra en images son film comme il l'entend. Ainsi naquit Là-Haut qui sera d'ailleurs le premier Disney-Pixar à être présenté au Festival de Cannes. Il est marrant de constater que les costards-cravates n'avaient peur que de l'attachement du public vis-à-vis du héros du film alors que le vrai risque vient de son histoire totalement fofolle et pour le coup véritablement casse-gueule.
Là-Haut fait effectivement un mixage entre deux intrigues très différentes chacune de l'autre. La première traite du deuil, la deuxième est une aventure dejantée. Il est alors très facile de détester le film si on accroche pas à ce mélange un peu douteux sur le papier. Mais c'est une fois mis en images que le récit dévoile tout son potentiel émotionnel.
On a tous fait les éloges de l'introduction du film qui, sans exagérer, doit être une des meilleures intros que j'ai vu dans ma vie tous films confondus. Et cela est dû à une chose. Comme plusieurs passages de Ratatouille et de WALL-E, les 10 premières minutes de Là-Haut ressemblent a un court-métrage Pixar. Elles y rassemblent toute la poésie et la beauté de leurs cartoons en choisissant de laisser défiler pendant quelques minutes la vie du couple Carl-Ellie sans aucun dialogue avec uniquement un fond musical (signé Michael Giacchino par ailleurs qui nous livre une de ses plus belle musiques).
Là-Haut, quand il se centre sur le deuil du personnage principal, illustre avec intelligence et finesse le regret que peuvent éprouver certaines personnes âgées face au temps qui passe et la difficulté de continuer à vivre malgré la perte d'un proche. À côté du ronchon Carl Fredericksen (dont le doublage de Charles Aznavour est impeccable), se tient un deuxième petit héros, Russell. Ce gamin, étant le parfait opposé de son "hôte", représente l'hyperactivité de la jeunesse d'aujourd'hui se rapprochant pourtant beaucoup de la regrettée femme de Carl. Pixar n'abandonnent pas leurs buddy movies où les générations s'affrontent et arrivent pourtant à renouveler leur formule. Le duo sait aussi bien se montrer très drôle dans la première partie que touchant dans la deuxième moitié du film. Les personnages loufoques qu'ils rencontrent pendant leur aventure étant tous ultra-mémorables.
C'est grâce à ce bel équilibre entre les protagonistes que l'histoire, aussi folle soit-elle, arrive toujours à marcher.
En fonction des créatures que croisent nos héros durant le voyage, il y aura toujours deux réactions différentes qui feront mouche chez le spectateur. La scène où ils rencontrent Kevin le démontre bien, Russell n'étant pas si surpris et prenant bien l'existence de l'oiseau, Carl étant, lui, effrayé et voulant s'en débarrasser. Toutes les générations peuvent se retrouver dans Là-Haut. Même quand des choses aussi improbables que des chiens pilotant des avions apparaissent à l'image.
Les grands moments du film sont trop nombreux à compter. L'un de mes préférés doit être celui où une petite fille voit de la fenêtre de son appartement la maison de Carl s'envoler au ciel avec les couleurs des ballons illuminant sa chambre. Un plan chargé de sens et d'une poésie digne d'un grand Pixar. Toute la séquence où Carl arrive enfin aux chutes du Paradis et lit le livre d'Ellie a failli me faire lâcher une larmichette. Le rythme de la scène est parfaitement maitrisé et le message d'Ellie est si simple et beau qu'il est impossible d'y rester insensible.
Là-Haut est une invitation au voyage intemporelle. Réunissant toutes les qualités que doit avoir un grand film d'animation, il reste encore aujourd'hui selon moi le meilleur film de Pixar Animation Studios. Une aventure colorée et inoubliable pour tous les âges. Un vrai chef-d'oeuvre!