Le film est un peu prisonnier de son époque qui se devait de mélanger déjà les genres pour répondre à un cahier des charges de plus en plus dense. Il faut un peu d'humour, une grosse louchée des 12 salopards, un contexte historique assez prononcé (comme dans le Bon, la Brute et le truand), un psychodrame pour le héros...
Mais Valerii parvient à donner une réelle unité à l'ensemble grâce à sa mise en scène privilégiant les plans larges et longs de préférence, histoire de conférer de réelles interactions entre les protagonistes pour leur donner de l'épaisseur et une certaine ambiguïté.
Le film est ainsi assez posé (suffisamment pour que plusieurs spectateurs y voient de la lenteur) mais supporte de de ce fait plutôt bien le poids des années grâce à sa réalisation à contre-courants des westerns italiens de l'époque. La caméra capte par moment avec une jolie noblesse les paysages et les décors dans des travellings/panoramas qui font preuve d'un jolie sens de l'espace et l'installation.
De plus, le scénario possède quelques belles trouvailles scénaristiques même si elles ne s'intègrent pas toujours habilement à l'ensemble, défaut sans doute issu d'une VF trop "guillerette" (en contre-point de l'esprit du film) et de plusieurs minutes en moins. Toujours est-il que le leurre sur l''annonce de la fin de la guerre, la présentation des deux héros, la pendaison d'un prêtre, l'explication du trauma/motivation de James Coburn, l'arrête chez les paysans et la sexualité de Savalas donnent une réelle originalité à un film qui arrive sans doute un peu trop tard.
On sent que c'est plus l'atmosphère et les personnages qui intéresse le réalisateur même s'il s'acquitte avec les honneurs du long final explosif, rondement mené et découpé.