"Le critique est un eunuque, il sait comment faire mais ne peut pas"
Principal échec du très doué Shyamalan, même si le coté protéiforme est extrêmement intéressant le film est plombé par les règlements de comptes de l'auteur à ses détracteurs. Il ose même se poser en personnage clé et en jouer le rôle.
On comprend dés lors le coté sur-expressionniste de l'œuvre qui soustrait aux personnages leurs rôles. Ainsi le critique subit une vengeance cathartique, Shyamalan pensant ainsi regler ses comptes avec ceux qui l'ont si violemment et gratuitement attaqué au long de ses années.
L'œuvre souleve symptomatiquement des questions passionnantes sur la relation entre critiques et auteurs.
Finalement, a quoi sert la critique quand même des magazines "prestigieux" (allez j'ose nommer : Premiere; Studio Ciné Live; Telerama) osent l'indigence intellectuelle en se limitant a un synopsis suivi d'un "j'aime", "j'aime pas" et s'octroient même la condescendance d'être violent ?
Est il légitime qu'un auteur brise le 4e mur en réglant ses comptes sur des écrans de cinéma où les spectateurs auront payés pour voir ses "privates" dont ils n'ont rien a foutre ?
Si toutes ces vendettas intellectuelles plombent violemment le film reste une idée fascinante extrêmement rare au cinéma mais sous traitée a cause des éléments sus-nommés : Le film se réfléchit, il se crée lui même, brise le 4e mur et nous montre ses coulisses. La pensée créatrice de l'œuvre se forme au fur et a mesure des intrigues démêlées, cela dit bien que ce principe soit passionnant il est également affaibli par le coté didactique de ses intrigues. Si Shyamalan a toujours eu un coté moralisateur (pas au sens préjudiciable, pensez à La Fontaine) ici tout va pour plomber symboliquement le film d'une manière qui n'est ni fine, ni contrebalancée (comme a son habitude) par de l'humour ou de l'absurde.
Force est alors de constater qu'en l'absence des éléments précités et cela même avec la mise en scène classique et efficace qui lui est propre ainsi que l'excellente photographie à laquelle Christopher Doyle nous a habitué, Shyamalan plonge tout de même la tête la première dans ce qu'il avait jusque là évité avec brio : le premier degré et la construction binaire. Il livre donc une œuvre qui se prend trop au sérieux et qui n'a plus la finesse de faire semblant de donner raison a ses détracteurs. Dommage!