Trois actes. Trois longs plans de marteau piqueur qui soulève le béton, ce matériau solide et indestructible, afin de le morceler. Ce même lent morcellement qui est à l’œuvre dans la relation de Lisa et Mara qui se désagrège sous les yeux contemplatifs de cette dernière. Elles s’aiment, tout le monde semble le savoir, et pourtant tous le taisent.
Pour fuir cette réalité insoutenable, Mara invente des histoires. Elle recrée l’histoire des autres à défaut de pouvoir réinventer la sienne, sa toile qui se détruit sous ses yeux.
Afin de survivre, comme une araignée tisse sa toile pour y capturer ses proies,Mara déchaîne sa violence interne sur les autres avec un vilain plaisir, allant d’ébouillanter un chien jusqu’à faire couler le sang -symbolique- sur le nouvel appartement de Lisa.
Tous ces êtres différents que seuls le lieu dans lequel ils vivent animent et lient, est jouissive à regarder tant la plasticité de l’image vient épurer le film de détails inutiles et de supercheries identitaires qui auraient rendu le film intellectuel et indigeste. En effet, les personnages sont montrés crus, tels qu’ils sont à l’intérieur d’eux mêmes, sans métier, sans passion, avec pour seul corps, leurs défauts et leur désir, thème omniprésent dans le film.
Tous se détruisent et se reconstruisent, à l’image de ces appartements que l’on quitte et de ceux dans lesquels on s’installe.
Une ode poétique à la contemplation, au désir et à cette petite perversité qui mériterait à être plus souvent montrée de la sorte au cinéma.