Voyage, voyage figure dans le générique de fin de La jeune fille et l'araignée (de même que dans la B.O de Compartiment n°6 et de La déesse des mouches de feu !!!), conclusion éthérée d'un film qui ne l'est pas moins, en plus d'être mélancolique, opaque et beaucoup d'autres choses. Et tout cela lors d'un déménagement et dans deux appartements, l'ancien et le nouveau, d'une jeune fille qui laisse son ancienne colocataire triste comme les pierres. Inutile de chercher des explications au-delà de ce que montre ce film qui échappe sans cesse à toute quête de sens : les personnages, nombreux, s'y croisent dans les couloirs étroits, se frôlent dans la cuisine, se lancent des regards où l'on croit voir du désir, du ressentiment ou de l'indifférence. Et il y aussi des chiens, un chat, une araignée, une mouche et beaucoup d'objets du quotidien. Sans oublier une pharmacienne songeuse et une femme de chambre qui ne joue plus de piano. Bref, ce n'est pas du cinéma pour cartésiens, c'est un peu du Tchekhov édulcoré ou encore une valse des corps, élégante et douloureuse. Il ne se passe presque rien mais tout est en mouvement. Un changement de vie et la fin d'une époque, pour cause de déménagement. Voilà. Au spectateur de faire sa propre cuisine avec ces ingrédients disparates.