Comme dans La Cantatrice chauve (où il n'y a pas de cantatrice, et elle n'est même pas chauve), dans La Jeunesse de la bête, il n'y a pas de bête et elle n'est même pas jeune. A ce moment de sa carrière, Seijun Suzuki produit des films à la pelle sur commande, et les studios utilisent des mots clefs pour attirer les foules et gagner du pognon. Ca peut en dire beaucoup sur la qualité du film... Alors pourquoi un regarder un film de série B plus de soixante ans après sa sortie ?

Assurément, ni pour le scénario, très attendu malgré un petit retournement de situation pas dégueulasse à la fin, ni pour le talent des acteurs et des actrices (même si l'acteur principal au visage si mémorable, Jô Shishido, frappe les esprits). C'est pro, mais sans plus. Pour rappel : un nouveau venu dans le monde des yakuzas tabasse presque tout le monde, dans l'espoir de retrouver et punir les coupables du meurtre de son mentor. C'est typiquement un personnage de berserker, qui écrase tout sur son chemin, en utilisant aussi sa cervelle pour liguer ses ennemis contre eux-mêmes. On est dans la veine d'un Yojimbo / Sanjuro, et on retrouvera les mêmes histoires dans plusieurs westerns (L'Homme des hautes pleines) et Tarantino (Kill Bill). Et c'est d'ailleurs pour ces influences qu'on regarde encore ce film. Seijun Suzuki, dont le talent sera reconnu bien plus tard, commence déjà à imprimer son style contre les attentes de son studio, ce qui lui vaudra d'être banni quelques années plus tard. Des couleurs flash, de la violence trash, de l'action à volonté, des larmes et du sang, des gangsters chelous, de l'humour bien dosé : le film est incroyablement moderne. Alors on excuse le peu de subtilité du scénario puisque Seijun Suzuki le transforme en un spectacle plaisant et divertissant.

Samji
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le 8 juin 2024

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