L'idée de base est sympa. Le traitement l'est moins.
Faut dire que c'est casse-gueule comme projet : un viol, toute une classe de voyous suspectées la victime étant leur professeure et un flic qui tente de leur arracher la vérité sans pouvoir les tabasser comme les règles de la bienséance du début de siècle précédent l'exigeait. Ne fut-ce que l'interrogatoire dure bien trop longtemps sans qu'on n'y apprenne quoi que ce soit de vraiment intéressant ; disons qu'après deux interviews, on a compris le fond de cette scène, pas besoin de l'étirer davantage... après cela, le récit ne décolle toujours pas. Le policier continue sagement son enquête, enfin pas trop sagement non plus parce qu'il est colère et qu'il use de pression psychologique pour les perturber, mais ça ne va jamais assez loin. Pareil lorsqu'il essaie de les manipuler, les auteurs se montrent trop paresseux pour que la sauce prenne. Des fausses amitiés qu'il tente de créer, on n'y croit jamais, c'est trop soudain, il y a trop peu de connexions entre les personnages, les dialogues sont trop peu recherchés. Quant à la présence d'un chef dévoilé peu à peu, on devine une partie du secret trop aisément... le problème c'est que les auteurs veulent jouer la carte du twist quand c'est évident, ce qui est surtout gênant c'est qu'en foutant du mystère partout, les auteurs se privent de scènes pour justement approfondir ce chef, le pourquoi de ses actions, son emprise sur les jeunes voyous... c'est très regrettable.
Il reste tout de même la scène d'ouverture et surtout le flashback (pourtant inutile) de la fin qui sont bien foutus, qui marquent le spectateur par leur aspect glauque. La situation est écrite de manière glauque parce que soudaine et si naturelle (de quoi couper l'envie aux jeunes femmes de s'adonner au plus beau métier du monde - attention je ne parle pas du plus vieux) et elle est aussi mise en scène de manière assez impressionnante, avec des gros plans bien dégueulasses de ces visages laids ou au contraire trop beaux mais déformés par la petite focale. La mise en scène est suffisamment dynamique aussi pour ne pas achever le spectateur lors des longues scènes de conversation inutiles, ; les acteurs surjouent un peu mais ça fonctionne justement avec le côté exagéré de la mise en scène (surtout lors des deux scènes mentionnées ci-haut). Enfin, la musique est plutôt plaisante, je dois dire ; il y a également un travail sonore un peu plus expérimental lors des scènes dites délicates.
Bref, ça aurait pu être chouette, mais il aurait vraiment fallu approfondir les personnages et leurs relations les uns par rapport aux autres plutôt que de privilégier du suspense et des dialogues stériles.