Brutal, inesthétique et très premier degré, La jeunesse du massacre promet, dans ses 5 premières minutes, une enquête noire et désespérée, une chasse à l’assassin palpitante et sans état d’âme. Bien vite, on se rend compte, un peu triste, qu’il n’en sera rien, Di Léo manque d’idées et livre une enquête pantouflarde qu’il est bien difficile de suivre jusqu’à son terme.


Le cinéaste qu’on a connu plus énervé, se repose entièrement sur la seule scène choc de son film, un viol collectif malsain, rehaussé par une bande son agressive qui provoque le malaise. Conscient que c’est le seul élément qu’il a en sa possession pour bousculer son audience, Di Léo plaque la séquence à la fois au début mais aussi à la fin de son film… mieux vaut deux fois qu’une, on ne sait jamais, des fois qu’on eut oublié de brancher le casque pour l’intro du film, au moins il s’assure qu’on subit son larcin.


Mais si au début, on n’est pas encore réveillé pour prendre de plein fouet cette torture amicale, en fin de film, c’est anesthésié par une histoire sans suspens et un dénouement manqué, parodie grossière du pulsions de De Palma, qu’on reçoit la gifle molle du cinéaste. Bilan, à aucun moment son film n’inspire un sentiment de malaise, c’est tout juste si l’estomac se contracte.


Dans La jeunesse du massacre, il y a l’intention, celle de provoquer une réflexion sur une jeunesse désinvolte, en pleine interrogation, mais surtout extrêmement malléable. Mais à aucun moment le geste n’est de la partie pour la transformer en objet filmique intéressant. Heureusement, Di Léo emballe le tout en à peine 90 minutes, du coup on ne s’ennuie pas trop longtemps, suffisamment toutefois pour mettre ce film en bas de liste quand vient le moment de se remémorer l’oeuvre du monsieur.


Un film à réserver aux complétistes masochistes, les autres seront bien avisés de s’attarder sur d’autres films de sa filmographie à commencer par sa trilogie du milieu par exemple, qui est d’un tout autre calibre.

oso
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le 15 avr. 2015

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