Les Donahue sont une famille d'artistes célèbres dans le monde du vaudeville (mot français que les Américains utilisent pour désigner ce que nous, Français, appelons du terme américain music-hall...), un divertissement très en vogue dans les États-Unis de l’Entre-deux-guerres. Terry, le père, et Molly, la mère, ont commencé en duo, et ont été rejoints au fur et à mesure des naissances par Steve, Katy et Tim. Ils forment aujourd'hui « Les Cinq Donahue », et continuent en famille à régaler le public de leurs danses savamment chorégraphiées, leurs chants admirablement orchestrés et leurs costumes superbement manufacturés. Mais la cohésion familiale est menacée lorsque, les enfants atteignant l'âge adulte, ceux-ci se retrouvent confrontés à leurs propres choix de vie.
Étalée sur une bonne vingtaine d'années, La Joyeuse Parade est la réjouissante chronique de cette originale et attachante famille Donahue. Le film fait la part belle aux numéros composés par Irving Berlin, et remarquablement interprétés par les authentiques vedettes du genre que furent Ethel Merman (Molly), Dan Dailey (Terry), Mitzi Gaynor (Katy), Donald O'Connor (Tim), et le chanteur Johnnie Ray (Steve). Marilyn Monroe, superbe dans un rôle secondaire de vedette en devenir, objet de la passion de Tim, apporte une note de glamour bienvenue dans cet univers autrement très familial. Si le scénario est parfois un peu (trop) laissé de côté au détriment du spectacle, le brio et la joie qui émanent de l'ensemble l'emportent largement.
Comme toute comédie musicale réussie, le film de Walter Lang accroche deux heures durant un sourire béat sur le visage du spectateur. Mais quelques scènes plus dramatiques lui donnent une profondeur supplémentaire : ainsi, l'annonce faite par Steve de son entrée dans les ordres est l'occasion d'un "If You Believe" particulièrement touchant, et les émouvantes retrouvailles familiales finales s'accompagnent d'un "Alexander's Ragtime Band" absolument jouissif.