Attention ! Cette critique contient ENORMEMENT de spoilers !
Me voici de retour !!! Après un mois de vacances où j'ai zappé TOUS les films du mois de janvier (ce qui fait que je n'ai vu ni Nocturnal Animal, ni Quelques Minutes Après Minuit, ni Birth In The Nation, ni XXX : The return of Xander Gage , ni Resident Evil : Final Chapter). Du coup comme l'an dernier, je voulais commencer en regardant et critiquant un super - film et c'est La La Land qui s'est collé. Alors , le film a - t - il tenu toutes ses promesses avec la hype que 20 Minutes a dénoncé ? (Ouais 20 min, pour La La Land c'est un problème mais pour un blockbuster ça passe n'est pas ?). Oh que oui !
Damien Chazelle à la musique
Je n'ai pas vu Whiplash. Voilà, c'est acté , c'est posé, faites-en ce que vous voulez (mais je le verrai, donc baissez vos fourches). Mais le faite de ne pas à l'avoir vu me permet d'avoir un regard plus néophyte sur son cinéma. Déjà, c'est intelligemment bien réalisé. Les cadres sont bien faits, les scènes bien faites et il n'y a pas un seul plan qui ne mène à rien. Les plans ont parfois une symétrie qui fait sens. La musique est bien pensée et très bonne (je vais la critiquer bientôt, si j'ai le temps). Il y a des références à d'autres films et comédies musicales en veux - tu , en vois là et il y a un excellent rythme. Cela c'est dit...si je ne spoile pas. Parce que maintenant, je vais spoiler, car c'est un film auquel on ne peut pas critiquer sans spoiler un maximum, parce que je suis obligé de critiquer ce que le film vent le plus : l'aspect coloré et comédie musicale.
De la couleur dans le film
Je tiens juste à prévenir. Je n'ai pas vu la critique du Fossoyeur qui parle de l'utilisation des couleurs. Je la verrai après et cette analyse est purement personnelle et tout ce qui suit est une analyse que j'ai faite. N'hésitez pas à apporter des précisions en commentaire. Déjà en quoi les couleurs sont importantes dans ce film (ou dans les films). Si vous suivez Chroma ou que vous aimez les films en tant qu'art, vous savez que les couleurs sont utilisées en tant que vecteur d'émotion. Que chaque couleur sans un film n'est pas du au hasard et a un sens particulier. On pourrait dire que Damien Chazelle a poussé vraiment loin l’identification. Mais ce n'est pas gratuit et ça a du sens (globalement, parce que des fois c'était gratuit).
D'abord Mia joué par Emma Stone. La couleur dominante qu'elle aborde dans tout le film est le bleu. (Coucou les détracteurs qui vont me contredire dessus !) Oui, la couleur qu'elle aborde le plus souvent est le bleu. Mais c'est là que ça devient intéressant. Pourquoi Emma Stone en bleue ? Déjà, c'est la couleur de l'affiche. Logique. Mais aussi le bleu est à l'heure actuelle symbole de l'infini, du divin et surtout du rêve (gardez ça en tête j'y reviendrai plus tard). Et comme je l'ai expliqué, il s'agit de la couleur dominante. Quand on la découvre la première fois, elle possède un haut blanc qui sera taché de café et aura une tache marron (de la même couleur dominante du personnage de Sebastian) et elle sera à l'audition en cachant la tache avec une veste bleue ! Le bleu est la couleur qui la personnalise. Même dans la partie printemps où elle est jaune, elle se déplace en talon bleu. Et elle porte le plus souvent des vêtements avec des couleurs qui s'obtiennent avec le bleu. Quand elle est hésitante, elle se trouve en vert qui vire au turquoise quand elle est avec Sébastian. Et autant mettre fin à la question, pourquoi il n'y a que dans la partie printemps, où elle porte du jaune ? Tout simplement parce que son état d'esprit est purement différent. Là où elle était dans un esprit de croire en ses rêves et d'aller vers eux, là elle est dans le même état d'esprit que la couleur jaune le permet à savoir, un état d'esprit de gloire et de conseil (bref, n'allez pas chercher un baisé comme sur l'affiche). Et aussi parce que cela la met mieux en valeur dans la nuit. Après, on ne la verra jamais porter du jaune, la scène suivante elle possède une chemise à motifs bleus avec une veste rouge (on va y revenir). Même dans la partie été, elle ne porte pas de jaune, par contre on a une inversion des couleurs et un changement de teinte. Elle porte de plus en plus du rouge ou du rose et c'est Sebastian qui porte du bleu. Mais cela ne va durer qu'un temps et les couleurs vont s'assombrir surtout dans la partie automne, jusqu'en hiver où elle porte du noir symbole du deuil.
Parlons maintenant de Sebastian (Ryan Gosling) où c'est intéressant là aussi. Globalement, il porte du noir et blanc ou du marron. Mais pas un blanc net, mais du blanc cassé (c'est tellement visible dans une scène où il porte une chemise blanche sur un t-shirt blanc). Mais là où on avait une Mia avec des couleurs flamboyantes, lui a plutôt au début des couleurs ternes. La partie printemps change la donne en lui faisant porter du rouge qui est un symbole de puissance et de domination (vous commencez à comprendre pourquoi Iron Man est souvent représenté en Rouge et Doré, et la cape et le slip rouge de Superman, même si c'est le bleu qu'on voit dominer). Ce n'est pas anodin le rapport de force que les personnages ont au moment de leur première rencontre dans la partie printemps. Mais après, on le verra jamais en rouge. Dans un premier temps en noir et blanc à commencer par la célèbre scène de danse (ou Mia troque aussi ses talons hauts pour des chaussures noirs et blancs) qui faut pas se le cacher est là pour remplacer le gris, symbole de la tristesse, mais au fur et à mesure, il va prendre la couleur de Mia à savoir le bleu; mais c'est surtout du bleu marin. Mais dans la partie automne, il se mettra en progressivement en noir jusque dans la dernière partie où il aura un marron plus lumineux qu'au début. Pourquoi le marron ? Déjà parce que le marron est une couleur qui synthétise les 3 couleurs primaires qui sont absentes de tout le film à l'exception du jaune (le magenta et le cyan sont quasi-inexistants, où du moins j'en ai pas vu) et aussi il symbolise la terre. On a donc une opposition entre 2 philosophies, Mia qui veut réaliser ses rêves mais qu'au final va être rattraper par la réalité et Sebastian qui jusque là était plus terre à terre et va finalement tenter de réaliser ses rêves.
Quant aux autres personnages, il y a du pour et du contre au niveau personnalité et choix de couleur. La première scène n'est fait que pour introduire le concept du film, à savoir une comédie musicale presque feel-good, les amis de Mia sont...là. Elles ne servent qu'à une scène plutôt sympathique et entraînante et chaque couleur ne servent qu'à les identifier. Pareil pour la sœur de Sebastian (Rosemarie DeWitt) qu'on oublie très vite. J.K Simmons alias Bill n'est que le directeur du bar qui vire Sebastian. Mais bon la scène est bien faite et il se rattrape à la fin et ...John Legend alias Keith. Pour moi c'est un bon personnage qui est là pour mettre à l'épreuve la philosophie et les rêves de Sebastian. C'est un peu l'antagoniste du film dans la mesure où il propose une alternative qui met à l'épreuve la relation de Mia et Sebastian. Mais il est difficile de le détester (en plus au niveau musical il est génial, même si c'est un peu le contre courant de Sebastian). A détail à noter : Première rencontre, il est en jaune. Vous voyez on y vient toujours avec la signification des couleurs. Et aussi premier concert, lumière rouge et jaune dominante.
Quant aux autres personnages, ils sont assez souvent en noir et blanc à quelques contre exemples près, pas tous car tout le focus se porte sur Mia et Sebastian (surtout Mia mais on va y revenir).
Parlons-en de l'aspect comédie musicale. Je ne le trouve pas si appuyer que ça. Cela constitue le point fort du film mais le film n'est pas dominé par ça. C'est un aspect qui se fait ponctuellement dans le film et c'est aussi présent que dans Moana pour vous donner une idée. Du coup ceux qui ne supportent pas cet aspect ne seront que peu dérangés. Il y avait plus cet aspect là dans Moulin Rouge. Cela s'explique aussi que le réalisateur a mis en avant le fond plutôt que la forme dans son film.
Un film méta sur Emma Stone ?
Mais avec tout ça et tous les éloges, est-ce que ce film possède des défauts ? Oui il en a. Et c'est dans l'histoire. Déjà on va pas débattre sur le faite que l'histoire n'est pas si originale que ça, il s'agit dans la forme d'un film romantique pour la Saint Valentin (ouais, merci les distributeurs !). Mais ça grande force est la relation de 2 personnages qui ont des rêves qui veulent réaliser et comment ils vont s'accorder avec leur objectif, malgré les choix contraints, les échecs , la réalité et l'abandon. D'une part le film est bien raconté, l'aspect chapitre fonctionne bien avec la progression de l'histoire et les saisons marquent beaucoup l'évolution des personnage. On se sent investi , on rit avec eux, on pleure avec eux (non je n'ai pas pleurer...) et on a une conclusion logique et aussi satisfaisante (avec un excellent What if !). Mais alors où est le problème ? Et bien, c'est le piège du cinéma et surtout quand au lieu de s'échiner de faire des films qui ne raconte rien par la réalisation (bonjour la plupart des films français, Spotlight l'an dernier, Civil War encore une fois l'an dernier (sérieusement, j'ai vraiment surcoté ce film...)), on utilise des vrais outils de cinéastes pour raconter une histoire, il faut que les choix de réalisation s'accordent avec les choix de scénario. Le film n'est qu'à 90% juste à ce niveau, car il y a de temps en temps, des choix qui s'accordent mal avec l'histoire racontée. Pas tout le temps, mais ça arrive
Un exemple random Mia qui arrive dans son travail habillé en noir et blanc et qui ressort en jupe bleue. Au niveau de la signification, c'est très bien, mais de la cohérence, cela ne passe pas. On peut facilement le concevoir dans une scène de danse ce faux-raccord couleur, mais dans la réalité...pas tellement
Mais là où le film est intéressant, c'est le rapport meta avec la vraie vie d'Emma Stone. L'actrice et son personnage sont quasi-similaires sur pas mal de points. Elles ont aussi enchaîné les castings, elles ont aussi eu des échecs, elles ont aussi quitté les parents très jeunes et recalé dans des prestations où elles auraient eu du succès (Cela dit, Heroes n'a pas eu le succès escompté et je n'ai jamais trouvé Hayden Peynetierre si bien que ça) sont tombés amoureux d'un artiste avec lequel ils ont des chemins différents (oui je sais Andrew Garfield ne fait de Jazz et au lieu de ça il joue pour Gibson et Scorcese , quoiqu'on ne sait pas). Du coup c'est assez marrant et méta, encore plus méta quand on sait qu'elle a joué dans Birdman, un autre film méta mais sur Michael Keaton)
Bonne comédie musicale
Bref, La La Land est une très bonne comédie musicale et un film à voir en plus d'être fun. Et le premier qui me dis que cela ne vaut pas Chantons Sous la Pluie, je lui dirais qu'il a raison. Car ce film n'avait pas la prétention d'égaler ou de remplacer ce film trop culte, trop bien maîtrisé et qui est bien plus dans le feel-good movie. Cela dit, pour la Saint-Valentin, allez voir ce film les couples, parce que 50 Nuances Plus Sombres comme film du 14 février...Même pas en rêve.
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