Los Angeles, Californie. C'est l'été et il fait chaud. En même temps, Eric Charden nous avait bien prévenus. Ce genre de température a d'ailleurs fait péter les plombs à Michael Douglas dans le film culte de Joel Schumacher, "Chute Libre". Le début de "La La Land" nous rappelle au demeurant étrangement ce dernier ... une autoroute bondée, des coups de klaxons, une torpeur oppressante. De quoi vous faire perdre le contrôle !


Sur un plan-séquence exquis, le nouveau film de Damien Chazelle, jeune prodige du cinéma, démarre en fanfare. Another Day of Sun.



La La Land : le top niveau de la comédie musicale



Si les Américains nous ont sortis pas mal de comédies musicales ces dernières années, je dois l'avouer, "La La Land" est quand même en haut du panier. Mais quelles sont donc les recettes du bonheur ?


Damien Chazelle avait tout simplement envie de faire une comédie musicale pour plaire à tout le monde. Mouais. Mouais. Mouais. Plaire à tout le monde n'est des fois pas la bonne chose à faire. On y perd en substance, en saveur, et surtout en intégrité artistique. Pourtant, le réalisateur américain a réussi son pari.


"La La Land" réunit en fait, et finalement sans surprise, tous les ingrédients du genre : des chansons, des numéros de danse, du spectacle et un thème fort : ici, la persévérance, ou l'idée qu'il ne faut jamais se mettre de barrières. Assez consensuel, certes, mais pourtant bien développé.


Dans un second temps, le film arrive à s'émanciper des codes du genre pour nous offrir sa propre identité. C'est là que tout fonctionne. Pour cela, le film développe trois/quatre chansons phares (Another Day of Sun, Someone in the Crowd ou encore City of Stars) et les utilise pour remplacer les répliques (comme dans la plupart des films du genre) mais ça s'arrête là. Le reste des chansons est plutôt utilisé, de mémoire, comme fond sonore. Autrement dit, il n'y a pas cette impression, comme souvent avec les comédies musicales, que ça chante tout le temps.


Un autre aspect du film qui fait que cela m'a plu, c'est l'histoire que j'ai trouvée belle. "La La Land" nous fait suivre Mia (Emma Stone), serveuse dans un bar de studio de cinéma, qui rêve de devenir une actrice. Elle persévère, elle persévère, elle persévère. Mais les refus la blessent. Un autre pour qui les rêves riment malheureusement avec désillusion, c'est Seb (Ryan Gosling). Il est musicien. Il rêve d'ouvrir son propre club. Mais il n'a pas de sou et il semble que ses goûts musicaux ne soient plus vraiment le standard de la génération moderne. C'est ainsi que ces deux êtres, beaux, inspirants, courageux, vont se rencontrer pour nous faire vivre un voyage musical poétique duquel on ressortira tout électrisé !



La La Land : une réussite artistique savoureuse



Si le film arrive à développer sa propre identité du point de vue du format (utilisation des musiques comme je l'ai expliqué plus haut), c'est également le cas au niveau visuel, et plus généralement au niveau artistique. Alors il est vrai que je ne comprends personnellement pas la nomination aux Oscar dans la catégorie des meilleurs costumes, mais pour le reste, notamment cette photographie colorée, aux teintes bleutées, c'est un régal visuel. On pourrait aussi reprocher au film de ne pas avoir de grandes chorégraphies, mais pour autant ce n'est pas dérangeant car les personnages ne sont pas des danseurs : ils sont acteur et musicien. Donc l'utilisation qui est faite des danses est cohérente avec le propos du film.


Par contre, ce qu'il faut vraiment saluer, c'est le jeu des acteurs : ils sont exactement comme j'aime, c'est-à-dire sobres. Et dans un film du genre, et plus particulièrement avec l'histoire qui nous est racontée ici, je dirais même qu'ils sont justes. Juste parfaits.


Enfin, il convient bien évidemment de noter que "La La Land" est aussi une déclaration d'amour faite à tous les rêveurs, à tous les poètes, à tous les passionnés. Damien Chazelle l'a dit, ses références sont notamment les films de Jacques Demy. Pas étonnant donc de rencontrer une certaine nostalgie dans ce phénomène qu'est "La La Land".


Un neuf plus un cœur !

Créée

le 27 janv. 2017

Critique lue 545 fois

23 j'aime

MDCZJ

Écrit par

Critique lue 545 fois

23

D'autres avis sur La La Land

La La Land
blacktide
9

Le crépuscule des rêves

Comment pouvais-je me douter que le slogan « Plus de passion, plus d’émotions » de mon interminable attente allait esquisser mon jugement quant à l’inévitable fascination prédestinée à ce rêve de...

le 8 févr. 2017

162 j'aime

35

La La Land
Velvetman
7

One from the Heart

C’est comme un ogre qui dévaste tout sur son passage ou un rollercoaster qui aplatit la moindre parcelle de bitume : le dernier film de Damien Chazelle, et la hype qui l’entoure, sont connus de tous...

le 21 janv. 2017

160 j'aime

4

La La Land
Gothic
8

Il faut sauver le sol de Ryan

Damien Chazelle ne s'est pas doré la pilule. Car la véritable performance avec son La La Land, c'est d'avoir donné le la en mettant facilement tout le monde au sol et au diapason, pour un résultat...

le 5 févr. 2017

123 j'aime

19

Du même critique

Captain America : Civil War
MDCZJ
7

Un MCU qui se construit de mieux en mieux ...

Souvenez-vous, il y a quelques mois sortait le film Ant-Man, dernier de la phase II ... il nous a diverti calmement mais surement ... le calme avant la tempête ! Captain America : Civil War était...

le 30 avr. 2016

30 j'aime

5

Mad Max - Fury Road
MDCZJ
9

Oh what a day, what a lovely day !

Face à moi se trouve une route immense et désertique. Une route sèche, périlleuse et sauvage. Mais désertique, elle n'en restera que d'aspect. Petit à petit, vous pouvez les entendre vrombir ... les...

le 31 mai 2015

26 j'aime

5

Ready Player One
MDCZJ
10

Une claque impressionnante : bienvenue au pays des rêves !

Cher Steven, Merci. Mille mercis. Dans un paysage cinématographique actuel devenu quelque peu aseptisé, notamment au regard de blockbusters n'évitant pas une certaine vacuité, votre "Ready Player...

le 1 avr. 2018

25 j'aime

5