Je découvre depuis quelques jours le concept de comédie musicale et je me surprend à ressentir un plaisir immense devant des films que je n'aurais jamais pu regarder en entier il y a encore quelques mois tant ce genre ne m'intéressais pas. Je suis donc allé voir La La Land de Damien Chazelle, réalisateur du très bon Whiplash qui avait été l'un de mes coups de cœur de l'année 2014, avec l'une des meilleures actrices de cette décennie, la belle et magnétique Emma Stone.
Et comme prévu, j'ai été conquis.
Hollywood semble être l'objet de fascination par excellence des réalisateurs actuels (on pense aux frères Coen, a Cronenberg ou à Allen) tant ce lieu est empreint d'une des plus passionnantes histoires de tous les temps : le Cinema.
Une usine à rêves qui perd peu à peu de sa magnificence en choisissant toujours la voie de l'uniformisation. On peut très bien relier tout ça au Jazz, musique de la liberté et de la passion qui semble ne plus intéresser grand monde. Ce qui nous donne les deux thèmes du film, thèmes que Chazelle embrasse avec une exaltation qui ne peut que nous enchanter et nous donner le sourire pendant deux petites heures qui semblent malheureusement tellement furtives.
Le sourire, c'est ce que La La Land m'a procuré, avec sa mise en scène virevoltante, ses couleurs chatoyantes et gentiment clinquantes, son tempo jazzy merveilleux... Mais un sourire surpasse tous les autres, c'est celui d'Emma Stone.
Je pense qu'elle n'a pas été aussi radieuse depuis Magic in the Moonlight de Woody Allen. Elle a cette capacité à s'accaparer l'écran par un simple sourire, un simple regard de tendresse, d'amour, de passion... Et le jeune réalisateur l'a parfaitement intégré, sa caméra la bouffe literalement du regard, comme le ferait tout homme hétérosexuel normalement constitué.
En une seconde d'apparition à l'écran, elle éclaire une scène entière de son visage lumineux et de ses yeux hypnotisants, brillants de mille feux. Elle fait partie de ces actrices prodigieuses qui ont ce don de porter un film à elles seules.
On ne peut malheureusement pas en dire autant de Gosling qui m'a semblé bien fade, bien qu'il puisse parvenir à nous faire tirer une larme lors de ses solos de piano (grandement aidé par la mise en scène).
Si j'avais une chose à reprocher à ce film, ce serait le manque d'audace dans les chorégraphies qui manquent de folie et de frénésie. On n'atteint pas le niveau de Singin in the Rain, avec ces acteurs au jeu complètement déjanté, dansant comme s'ils n'avaient plus qu'un jour à vivre.
On pourrait aussi - en étant vachement pas gentil - critiquer le style justement très "hollywoodien" du film, avec des chansons portées sur l'amour rose bonbon, une romance bien gentillette, des références à l'âge d'or hollywoodien en veux-tu en voilà et des dialogues un peu bateau, mais il est évident que le film joue avec ces clichés pour en sortir quelque chose d'excessivement beau et frais.
Le film est très habile lorsqu'il mêle réalisme et onirisme total (on pense a la scène où le jeune couple s'envole au plafond du Griffith observatory, qui n'est pas sans rappeler la fameuse scène de Manhattan), tout comme le rire et l'émotion, du début empreint d'ivresse et de fougue jusqu'à la formidable fin douce-amère et pleine de nostalgie qui évite l'écueil de la banale happy end. On en ressort avec la gorge nouée et des étoiles dans les yeux, et peu de films en ce moment parviennent à nous procurer ces deux sensations à la fois.
La La Land m'a entièrement convaincu. Ce n'est certainement pas le meilleur film du genre, mais il contient ce petit "truc" magique, cet amour naïf pour le Cinema qui nous rend euphorique, envoûté.
Tels nos deux protagonistes assis sur un banc en pleine nuit étoilée, admirant une vue panoramique sur la cité des anges ; "I've seen better", disent ils. Oui, nous aussi on a vu mieux, mais c'est quand même foutrement bon.