Sur-vendu par la presse (et par ses producteurs, comme on peut bien l'imaginer), déjà auréolé de gloire avant même que le public du monde entier ait pu le voir, "La La Land" a bien du mal à tenir des promesses aussi exagérées... qui ne sont d'ailleurs pas celles de Damien Chazelle, jeune prodige déjà responsable du magnifique "Whiplash", et qui devrait faire très attention à ne pas devenir le Michael Cimino du XXIème siècle (comme le disaient les Romains, il n'y a pas loin entre la Roche Tarpéienne et le Capitole). Alors, finalement, au sortir de 2 heures et quelques de montagnes russes, c'est quoi, "La La Land" ? La rencontre de Jaques Demy et de la Comédie Musicale hollywoodienne sur une table de mixage ? Oui, indiscutablement. La démonstration brillante qu'un "musical" coloré peut être aussi un film profondément dépressif ? Qu'on peut faire danser et chanter sans qu'ils soient ridicules (...et que le public quitte la salle...) deux acteurs qui n'ont pas trop de talent en la matière ? Qu'on peut faire swinguer tout ce petit monde sur de la musique bien convenue, voire raplapla ? Que Ryan Gosling peut même interpréter ce type haïssable que nous cherchons tous à éviter parce qu'il nous cassera à coup sûr les pieds avec son p... de jazz "classique" qu'on n'a pas du tout envie d'entendre et qu'il veut à tout prix ressusciter ? Oui, oui, oui... Chazelle aime le jazz et la comédie musicale, et il a réussi à trouver pas mal d'argent pour réaliser LA comédie musicale qui fait le pont entre hier (l'âge d'or, qui nous met les larmes aux yeux dès qu'on l'évoque) et aujourd'hui (cette existence infâme qu'on nous fait mener en nous faisant rêver de succès non seulement illusoires, mais bel et bien vains). Je dois admettre qu'il a réussi son film, malgré quelques coups de mou ça et là, et même si c'est souvent la radieuse Emma Stone qui sauve les meubles. La fin, terrible avec cette histoire possible qui n'aura pas eu lieu, nous brise littéralement le cœur, et rien que pour ça, on peut applaudir Chazelle. Alors, "La La Land" est-il pour autant le chef d’œuvre absolu annoncé, espéré, qui sauvera à lui seul l'âme d'Hollywood ? Eh bien je crains bien que non. [Critique écrite en 2017]