Après l'excellence écarlate de Whiplash, Damien Chazelle livre le contre-poids parfait avec son second long-métrage, La La Land, véritable déclaration d'amour ouatée aux quatrième et septième arts. De l'oisiveté de Jacques Demy à la verve visuelle de Martin Scorsese, Chazelle fait s'étreindre la musique et le cinéma dès l'ouverture, plan-séquence d'une maîtrise totale, et cette étreinte au contrôle absolu ne s'arrêtera jamais durant les deux heures qui suivent. Côté scénario, cette romance entre deux âmes aux songes évanescents n'offre aucune transcendance, pouvant essuyer un ennui poli, mais le choc des charismes d'Emma Stone et Ryan Gosling éblouit tout autant que la photographie extraordinaire de Linus Sandgren, qui servent des phases chantées au montage invisible cristallin, à la chorégraphie visuelle impressionnante. Même les sceptiques du genre seront sous le charme. Tantôt la caméra flotte, tantôt le cadre opère quelques coups de folies, brisant en un mouvement le mur du champ/contre-champ alors que les pas ensorcellent et que la mélodie opère. La La Land, les quatre saisons de Chazelle, est une splendide invitation à danser, entre espoir et mélancolie, de la fureur de vivre où les songes nécessaires de l'art valsent avec les sacrifices du destin.
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