La La Land est le nouveau film de Damien Chazel (Whiplash), avec Emma Stone et Ryan Gosling, et plein de récompenses partout. Hommage aux comédies musicales Broadway style Les parapluies de Cherbourg, hommage à Hollywood la cité des rêves, hommage au jazz, le film transpire la bonne humeur, c’est la première chose qui marque. Y’a des couleurs partout, des chansons très entrainantes, ça bouge, c’est joyeux.
La première grosse baffe du film, c’est sa technique. Une scène = un plan séquence ultra-élaboré qui part dans tous les sens. Sans doute artificiels, mais aux cuts invisibles. Déjà là tu prends cher. Mais plus que le plan séquence lui-même, le génie provient aussi du montage entre les différents plans(-séquence du coup). Les transitions sont toutes excellentes. Raccord son, mouvement, ou brusque pour signifier une opposition. C’est parfait.
Mais y’a un gros souci technique. C’est bien beau de tourner en pellicule technicolor, avec des longues focales et des mouvements de caméra de ouf…mais du coup c’est dur de faire le point, et très souvent, les visages sont dans le flou. Et ça c’est pas cool.
Revenons aux bons points. Les acteurs, qui ont pris des cours de danse, de chant et de piano, et qui transpercent l’écran. J.K.Simmons qui vient faire un petit kaméo à la Whiplash. Whiplash, parlons-en. Là où je trouvais qu'il manquait de panache niveau mise en scène, c’est rattrapé ici. Et Chazel en reprend aussi tout le propos. Et le jazz. Le dilemme entre vie sociale/amoureuse et suivre ses rêves (artistiques). Faire découvrir le jazz (et ici les comédies musicales broadway) à la jeunesse qui voit ça comme un truc ringard.
De ce fait, La La Land alterne entre scène enjouée avec musique, danse, chant, et blagues 100% gérées (elles font toute mouche, c’est le contraire d’Asterix 4), et histoire d’amour tanto joyeuse tanto dramatique et mélancolique. Un côté que je trouvais mieux géré dans Whiplash qui s’orientait plus drame. Ici, comme il faut gérer tout le côté joyeux, qui passe avant, c’est moins profond. Il n’empêche que ça fait mouche quand même, et qu’on se retrouvera tous dans la partie drame, et cette fin parfaite. Contrairement à la partie centrale, qui danse moins et qui enchaine quelques clichés à la « suis tes rêves malgré les difficultés », affaiblissant le récit.
Pour résumer : les acteurs dansent, la caméra danse, le point danse, les tons et registres dansent, et on en sort avec l’envie de rester de bonne humeur tout le temps pour éviter d’être triste.
Mention spéciale à la réplique qui tue : « Comment veux-tu être révolutionnaire en étant si conservateur ? » Vous répondez quoi à ça, les académiciens ?