La sortie du cinéma promettait la poursuite de la découverte de ce monde doucement mélancolique ouvert par le film mais force est de constater que l'enthousiasme nostalgique qui me fit exécuter quelques pas de danse (du tango ?) dans les rues bordelaises ne résista pas longtemps à la réflexion.
Rien ne se partage dans ce film (et j'ai bien peur que mon amour pour Emma Stone soit lui aussi à sens unique).
L'élan de tendresse ? qui m'a porté vers ce monde apparemment quotidien et les embouteillages dansants de l'Amérique besogneuse cède très vite sa place aux problèmes très romantiques d'artistes hollywoodiens qui ont toutes les difficultés du monde (pas les nôtres évidemment mais celles des vrais, des purs) pour réaliser leur rêve.
Et moi alors ? Quelle place me propose ce film sinon celle de spectateur imparfait condamné à subir la construction d'un univers enchanté qui jamais ne m'appelle ?
Il se dit qu'il y a du Jacques Demy dans ce film mais Jacques, dans les Demoiselles de Rochefort, mettait en scène les imperfections d'un quotidien sublimé sans être mythifié (du calembour Monsieur Dame à la combinaison qui dépasse jusqu'aux vers boiteux qui émaillent son film).
Si ce film est, certes, très beau plastiquement (quoique rien ne soit particulièrement novateur dans les scènes dansées) et si le scénario est niais, mais après tout..., il ne semble (ce qui est son plus grand crime) même pas se rendre compte de son ridicule !
Mais enfin, il m'aura au moins permis de comprendre que je n'en avais pas fini avec mon admiration malade pour un certain stéréotype de la réussite romantisée, un fantasme que "j'aimerai pouvoir vous rendre et qu'il me tarde de déshonorer"