Ce documentaire "nous fait à l'aube une promesse qu'il ne peut tenir", exposant le corps mis en danger d'Iggy Pop, la violence fusionnelle du public avec les Stooges et les images brouillées de concerts qui semblent répondre à la qualité imparfaite de la musique du groupe. Puis, tout s'assagit.
Il serait tentant de voir là une mise en scène de l'assagissement de la scène punk, de l'aseptisation d'une musique qui se proposait pourtant comme ravagée mais il semble que Jarmusch n'ait pas su construire un documentaire à la hauteur du sujet qu'il souhaite partager. Iggy Pop ne l'aide pas beaucoup, lui qui semble n'avoir pas même compris pleinement ce qui se jouait dans ce mouvement auquel il donne naissance. Rien ou très peu sur le rapport du chanteur à son corps animalisé, rien sur l'amateurisme assumé de la musique du groupe ni même sur le contexte politique qui semble avoir donné naissance aux Stooges, seulement le regard enfantin tendre et sans nostalgie du survivant à la débâcle.
Peut-être cela suffit-il à construire le portrait à hauteur d'iguane des Stooges et que l'habitude d'iconisation battue en brèche dans ce documentaire provoque une déception regrettable. Après tout, Iggy Pop, ce n'est peut-être que ça. Dans ce cas, tant mieux, gimme danger offre au spectateur une place pour la mise en danger douce et la punkisation démythifiée.