Gimme Danger
6.6
Gimme Danger

Documentaire de Jim Jarmusch (2016)

Voir le film

Nous voici devant des témoignages face caméra et des images d’archives. Jim Jarmusch n’entendait manifestement pas bouleverser l’histoire du documentaire avec Gimme Danger, sa lettre d’amour aux Stooges. Le sous-titrage en français est médiocre, et c'est bien dommage, ce qui est loin d'être la faute du réalisateur. Bien que la forme du documentaire ne soit pas incroyable ou détonante (comme nous aurions pu l'espérer), cela n'en reste pas moins un film maîtrisé, bordé d'anecdotes croustillantes. Le gang d’Iggy Pop se charge de mettre l’ambiance… Car on parle bien ici du groupe le plus sauvage de tous les temps. Des "branleurs scandaleux", responsables d’une déflagration sonique lourde de conséquences, car pour le dire vite : ils ont inventé le punk. Les Stooges, auteurs de trois albums parfaits entre 1969 et 1973, ont passé leur courte existence à slalomer entre la gloire, la dope et l’infamie. James Osterberg, alias Iggy l’Iguane, s’est donc assis devant la caméra de son ami Jarmusch, dont il avait déjà été l’acteur à l’époque pour Dead Man, dans une scène par ailleurs fameuse, que je recommande à tous.



Look in the eyes of a savage girl
Fall deep in love in the underworld
Raw power is sure to come a runnin to you
If you're alone and you got the shakes
So am I baby and I got what it takes
Raw power is sure to come a runnin to you
Raw power got a healin hand
Raw power can destroy a man
Raw power it's a more than soul
Got a son called rock and roll
Raw power honey just won't quit
Raw power I can feel it



Cool, bronzé, hilarant (et pieds nus), Iggy revient sur sa formation blues à Chicago, la rencontre avec les frères Asheton, sa passion pour les pharaons, qui lui donnèrent l’envie de parader torse nu, son slogan d’alors « J’ai liquidé les sixties », livrant au passage un témoignage précieux et lapidaire (snif) sur les paroles de Bob Dylan : « Bla bla bla ». Les archives, brutes et fulgurantes, ainsi que la musique, géniale, se chargent de joindre les anecdotes et les punchlines. Petit à petit, les morceaux collectés forment une histoire. Jarmusch prend soin de donner au montage des coups d’accélérateur, façon cartoon speedé et zinzin, un peu comme Julian Temple dans son documentaire sur les Sex Pistols, The Filth and the Fury. Belle offrande aux fans du groupe d’Ann Arbor, Michigan, Gimme Danger réconciliera également les jarmuschiens de toutes obédiences. Cette ode à la contre-culture et à la poésie minimaliste donne des coups de No Fun, I Wanna be your Dog et Raw Power. On a rarement vu plus concis dans l’histoire du rock, ce qui fonctionne en effet aussi bien comme un complément de programme au récent Paterson, que comme son antidote, sa face B électrique et érectile. On en sort avec des yeux maquillés de transgression, de révolution ; sans que plus rien ne nous effraie.

Mil-Feux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Films Documentaires de mon coeur

Créée

le 31 mars 2017

Critique lue 461 fois

6 j'aime

5 commentaires

Mil Feux

Écrit par

Critique lue 461 fois

6
5

D'autres avis sur Gimme Danger

Gimme Danger
seb2046
7

"The Stooges" is not dead !

GIMMER DANGER (14,3) (Jim Jarmusch, USA, 2017, 108min) : Ce documentaire foutraque à l’esprit rock and roll retrace l’épopée très bordeline du fameux groupe « The Stooges » au style agressif...

le 2 févr. 2017

10 j'aime

Gimme Danger
Pierre_Sopor
3

No fun.

Un documentaire sur Iggy et ses Stooges, ça se doit d'être rock'n'roll. Il faut du chaos, de la folie, il faut cette énergie brute auto-destructrice qui se dégage du groupe de ce drôle de type torse...

le 9 févr. 2017

10 j'aime

1

Gimme Danger
Mil-Feux
7

Pouvoir à l'état brut

Nous voici devant des témoignages face caméra et des images d’archives. Jim Jarmusch n’entendait manifestement pas bouleverser l’histoire du documentaire avec Gimme Danger, sa lettre d’amour aux...

le 31 mars 2017

6 j'aime

5

Du même critique

Dead Man
Mil-Feux
10

« Il est préférable de ne pas voyager avec un mort »

Un pied devant l'autre, il s'agira de descendre du train sans trébucher, puis d'avancer à travers les nuances de l'un des bouts du monde, entre tradition et modernité, vers les derniers bras tendus —...

le 3 janv. 2016

79 j'aime

4

My Own Private Idaho
Mil-Feux
10

Survivre — suspendu à un fil

My Own Private Idaho ressuscite le premier âge du cinéma de Gus Van Sant : baroque, mélodramatique, halluciné, mais déjà hautement conceptuel. Van Sant imagine un casting idéal, avec de jeunes stars...

le 19 févr. 2016

64 j'aime

14

Frantz
Mil-Feux
6

Interminable deuil

Avant tout mitigé, perplexe et pas entièrement convaincu, me voici un peu embarrassé face à ce dernier projet de François Ozon, qui, osons le dire, n'est pas totalement clair et fait du sur-place...

le 8 sept. 2016

51 j'aime

8