A Damien Chazelle, on devait déjà le très bon Whiplash en 2014. A seulement 32 ans, et pour son troisième film en tant que réalisateur, Chazelle se plonge à nouveau dans le monde de la musique avec La La Land. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le jeune américain a confirmé tous les espoirs qu'on pouvait placer en lui après son film précédent.
Bien sûr, La La Land peut faire peur de prime abord. Le titre ne trompe pas sur la marchandise, il s'agit bien d'une comédie musicale, ou disons plutôt d'un film musical.
Et la première scène annonce la couleur: l'autoroute de Los Angeles, un embouteillage monstre, des gens qui s'impatientent derrière leur volant quand soudain...tout le monde quitte son véhicule et se met à danser en reprenant à l'unisson une chanson que tout un chacun semble miraculeusement connaitre par cœur. C'est remarquablement fait, c'est entraînant, oui. Mais si vous n'êtes pas amateur du genre, vous pourriez bien craindre que les deux heures à venir soient longues...et pourtant!
Passées les premières minutes de flottement où il nous faut s'imprégner de l'univers de La La Land, la magie va vite s'emparer de nous.
Cette magie repose sur deux éléments essentiels. Le couple Gosling/Stone d'abord, fonctionne à merveille et c'est peu de le dire. Leur idylle restera une des plus belles qu'Hollywood nous ait offert depuis longtemps.
Alors oui, la manière dont les deux se rapprochent à base "je te fais croire que je te déteste, mais en réalité je suis trop fan", les débuts de leur vie de couple en mode conte de fées, puis les premières tensions qui apparaissent...tout cela n'est en soi pas très original. Pourtant, l'alchimie entre les deux acteurs, les scènes imaginées par Chazelle pour matérialiser le puissant lien qui les unit et l'ambiance générale du film font que l'ensemble fonctionne à la perfection.
On en vient ainsi à la deuxième pierre angulaire de La La Land: la musique. Mêlant jazz, swing et compositions typiques des comédies musicales hollywoodiennes, mais aussi quelques thèmes récurrents plus mélancoliques, vous n'aurez probablement qu'une envie en sortant du cinéma: vous offrir l'OST (ou aller boire un verre dans un club de Jazz, mais c'est plus compliqué!). Inutile de dire donc, que cette dernière est une réussite quasi intégrale et qu'elle est un composant essentiel de l'identité du film.
Ne vous y trompez pas, La La Land est un "vrai" film, pas une addition de scènes musicales. Si celles-ci constituent évidemment un aspect important du film, Chazelle a eu l'intelligence de ne pas les accumuler jusqu'à l'overdose. Au contraire, elles interviennent souvent à des moments clés et leur nombre relativement restreint est "compensé" (si tenté que c'était nécessaire) par leur qualité.
Et si le scénario n'est en soi, pas particulièrement brillant, il est néanmoins porteur de questions et de dilemmes qui constituent le véritable enjeu du film: l'être aimé, même s'il incarne l'amour véritable et unique, doit-il nous faire renoncer à nos rêves? Cet amour, aussi fort soit-il, a t-il la moindre chance de survivre s'il implique un tel sacrifice?
La La Land est un beau concentré d'émotions, un hymne à l'amour, à la musique, à la vie, à Los Angeles et un hommage au cinéma hollywoodien, le tout sans jamais tomber dans la niaiserie.
Damien Chazelle peut remercier Ryan Gosling, étonnant de finesse dans ce rôle, et Emma Stone pour son charme ravageur, qui d'ailleurs, vont tout deux jusqu'à pousser la chansonnette pour de vrai. Il peut remercier également ceux qui ont composé la formidable bande-son du film, Justin Hurwitz en tête (ancien coloc' de Chazelle à Harvard!). Néanmoins, les remerciements ne sauraient être à sens unique, Chazelle offrant au couple Gosling/Stone un rôle unique dans leur carrière, et aux musiciens qui ont travaillé pour son film, une vitrine inespérée.
Oubliez donc vos préjugés (si vous en aviez) et courrez voir La La Land -qui au passage, n'aura jamais le même impact sur petit écran- qui s'avère être un très beau rayon de soleil au milieu de cet hiver et s'affiche déjà, comme l'un des grands films de l'année.