Korean rapsodie
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Le cinéma coréen a le vent en poupe, et il le mérite bien. Ces dernières années, les productions de qualité en provenance du « pays du matin calme » ont explosé.
Le créneau fantastique est d’ailleurs parmi les plus empruntés par les réalisateurs locaux.
Dernier Train pour Busan nous emmène donc sur les rails de Corée du Sud, alors que le pays fait face à une fulgurante invasion de zombies.
« Encore un film de zombies? » vous exclamez-vous peut-être. Oui certes. Même si les productions ont tout de même ralenti récemment, il est vrai que le mort-vivant a connu un retour en grâce tel depuis une bonne dizaine d’années, qu'on en a frôlé l’overdose. Et si au niveau cinéma, le rythme des sorties se tasse un peu, nos amis bouffeurs de chaire humaine restent omniprésents sur d’autres médias (BD et jeux vidéos en tête…).
Dernier Train pour Busan mérite néanmoins votre attention si vous n’êtes pas totalement réfractaire au genre.
Déjà parce qu’il se déroule essentiellement, comme son titre l’indique, dans un train. Un lieu qui pourrait s’avérer un abri particulièrement efficace tout autant qu’un piège redoutable, pour peu que vous ayez un ou plusieurs infectés à bord.
Dès lors, le film se montre parfois particulièrement anxiogène. Et pas seulement car il s’agit d’un huit clos, mais également car il présente les zombies les plus féroces vus au cinéma depuis un bon bout de temps. Loin des « marcheurs » d’un Roméro, avançant lentement bras ballants et bave aux lèvres, nos morts vivants coréens sont ici très véloces et d’une détermination sans faille, à l’instar de ceux du parfait L’Armée des Morts (Dawn of the Dead) ou du nettement moins glorieux World War Z.
Au-delà de la tension, qui retombe rarement, le film propose quelques moments intenses particulièrement remarquables en termes de mise en scène.
On notera également que pour ce genre de « survival », il est essentiel d’avoir des personnages complémentaires, ce qui est le cas ici, en dépit du caractère parfois un peu caricatural de chacun d’entre eux.
Et si Dernier Train pour Busan se montre prenant de par son rythme effréné et la tension presque permanente qu’il instaure, il sait aussi jouer sur la corde sensible du spectateur via quelques scènes poignantes bien amenées, qui ont le bon gout de ne pas sombrer dans la niaiserie. Des scènes sublimées par des musiques aussi discrètes que réussies.
L’œuvre de Yeon Sang-ho n’est cependant pas tout à fait irréprochable. Ainsi, au-delà du fait que le réalisateur aille se positionner sur un genre surexploité, il nous offre également un scénario assez prévisible.
De même, on aurait pu se passer des messages dénonçant le capitalisme irraisonné et plus globalement, du manichéisme un peu outrancier de l’œuvre : cela n’apporte rien au film et cela la rend même parfois (volontairement ?) caricaturale.
Dernier Train pour Busan reste néanmoins une belle réussite. Faire un film de zombies intéressant en 2016, c’est un petit exploit.
En privilégiant les scènes anxiogènes aux effusions outrancières d’hémoglobine, Yeon Sang-ho nous offre un film stressant et bien fichu, qui a défaut d’être vraiment original, a suffisamment de qualités pour satisfaire les amateurs du genre. Il est même certainement le film de morts-vivants le plus intéressant de ces dernières années.
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Créée
le 1 sept. 2016
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