Presque allergique aux comédies musicales en temps normal je n'avais pas succombé à la hype lors de la sortie du film en salles. Mais devant un tel succès j'étais assez intrigué, j'ai donc laissé sa chance au produit une fois l'hystérie passée. Au fur et à mesure du visionnage mon intérêt a décru jusqu'à ce que je ressente cet ennui si particulier au genre.
Pourtant le nombre de chansons est limité, quelques unes essentiellement en début de film et qui ne cassent pas trois pattes à un canard. Il y a certes le petit thème principal assez entraînant qui sert de leitmotiv mais qui ne comprend aucune parole. On est loin des comédies musicales cultes dont tout le monde connaît au moins 3 ou 4 chansons.
La la land se veut un hommage à ces dernières comme l'annoncent les logos vintage en intro, mais cette pauvreté musicale ne fait que souligner davantage la redondance de l'intrigue et les baisses de rythme entre les chansons . L'histoire et les personnages sont des clichés, c'est certainement volontaire là aussi, mais du coup ils n'apportent pas beaucoup de fantaisie non plus malgré le petit charme des acteurs.
Au niveau visuel par contre c'est déjà plus émoustillant, hormis les couleurs pétantes des divers robes et costumes la réalisation est tout aussi ostentatoire. Dès la première scène sur la bretelle d'autoroute le savoir faire technique est visible lors des plans séquence chorégraphiés au cordeau.
Par contre là aussi ça manque d'inventivité dans les choré et cette scène en particulier s'avère un peu ridicule quand on voit des gars sautés comme des gogoles sur les voitures. Même la meilleure chorégraphie, celle du planétarium où le couple tournoie dans les étoiles, rappelle la danse de Vénus dans Le baron de Munchausen.
La démarche ou même le contenu du film ont pas mal de points communs avec The artist qui a probablement influencé Chazelle et ses producteurs à faire La La Land. C'est de l'hommage retro plus ou moins couillu qui apporte un petit vent de fraicheur et fait une razzia aux Oscars. A la différence près qu'à l'époque du cinéma muet il n'y avait pas de Prius pour faire du placement de produits. A noter aussi que conduire une voiture à tout berzingue dans L.A. donne de sacrés coups d'accélérateur à la carrière de Ryan Gosling.
Une bonne partie de la hype a sans doute été dopée par le glamour de ce couple Hollywoodien le plus en vue du moment, ainsi que par le comblement d'un vide auprès d'un public friand de comédies musicales. Mais derrière ce bel enrobage ça manque trop d'impact pour passer le cap du film surcoté. Chazelle possède une maîtrise technique indéniable mais il a perdu le rythme et la sobriété scénaristique qui tenaient le spectateur en haleine dans Whiplash.