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La La Land de Damien Chazelle est une oeuvre qui fit incontestablement parler d'elle a sorti. Soutenue par la quasi-totalité des critiques qui furent extrêmement positifs à son égard, jusqu'au soutien indéfectible des jurys à la cérémonie des oscars. Tant de titres et d'éloge donné qui fit de La La Land une comédie musicale quasiment intouchable dont il était simplement obligé de dire qu'il est le meilleur. C'est pour cela que jusqu'à aujourd'hui, j'ai laissé volontairement traîner mon visionnage pour pouvoir enfin juger ce film sans être pour autant pris pour cible de ses adorateurs. Et je dois bien reconnaître que je me suis laissé agréablement mener jusqu'à aimer le spectacle mis en place. Une révérence anti-spleenétique pleine de gaieté bien entendue à nuancer. Présenté dans sa composante comme une hymne à l'amour contre-balancé par la jalousie de la richesse et son besoin personnel de Victoire.
Une déclaration à l'élégance, la gaieté, la finesse, l'épanouissement, encensés par un périple chimérique chevaleresque sur la vie conduisant fatalement à la morosité de la réalité par le biais de la réussite personnelle et l'acceptation de sa propre déréliction pour son propre profit.


Il ne faut surtout pas s'en tenir qu'à la surface des choses avec ce film qui certes dans un premier temps peut sembler présenter qu'une déclaration permanente d'amour sur fond de magie visuelle avec son image chic et scintillante fantasmée d'Hollywood conduisant à une absence de profondeur. Une simple relecture d'un réalisateur amoureux des vieilles comédies musicales. Eh bien il n'en est rien. J'y vois avant tout un sens bien plus noir dans son essence. Je considère pertinemment tout le reste comme de la belle poudre aux yeux mis en place justement pour masquer notre regard et pour nous tromper sur le réel constat dressé par son réalisateur. Une belle façon de nous démontrés que le plus important est tout autre que l'aspect visuel. Tel un très joli papier cadeau enfermant en son sein une chose en totale inadéquation avec sa beauté visuelle. En cela je considère La La Land comme un film novateur et original dans sa proposition scénaristique.


La La Land a la clairvoyance de bâtir une histoire qui offre bon nombre d'interrogation subtil exempt toutefois d'explication claire. Ce qui permet alors de créer une variable de lectures différentes auprès du spectateur et rend pour le coup cette fiction élusive et dès lors subjuguant et justifie donc de soumettre assez d'épaisseur graphique et profonde pour se permettre plusieurs décryptages possibles. Cette ambiguïté est sans conteste la fondation même du talent certain de son créateur Damien Chazelle. Une adresse totale de son œuvre via la fausseté de son extralucide prenant à contre sens celui qui en saisit le fond. À l'âge de 30 ans savoir réaliser dans une telle approche structurée avec son récit avec autant de complaisance significative et proposer des thématiques sujettes à réflexion, c'est bluffant. C'est ainsi que le sens caché transforme notre analyse si brillante d'un spectacle superbe conférant en nous un sentiment d'emprisonnement telle une beauté hypocrite nous incitant à penser qu'on est finalement bien niais et crédule.


Il devient donc logique que ce que distingue avant tout le réalisateur envers le système actuel c'est une variante opposante l'un à l'autre la couverture magnifique au fond d'une chose. Un constat honnête de notre époque retirant cette couverture somptueuse d'une relation amoureuse pour en voir son égoïsme et son individualisme. On nous fait penser que l'amour se traduit dans la beauté physique, les vêtements chic, la voiture de luxe, les baisers, les feux d'artifice, les envolés lyriques, mais le cinéaste n'est pas dupe c'est pourquoi il le dénonce admirablement bien autour de ses deux protagonistes principaux Mia(Emma Stone) et Sebastian(Ryan Gosling) dans leurs plus belles parure et stature qui sont intelligemment sacralisées par la représentativité de leurs péchés, l'envie, la jalousie et l'orgueil le tout animé et masqué par de superbes décors animés avec de belles chansons où tout le monde semble heureux et joyeux. Les personnages principaux bien que superbement incarné et propre sur eux représente ce constat identitaire malsain.


Le cinéaste nous le démontre immanquablement scène après scène tout est extra ordinaire, tout est lumineux, on chante, on danse, on sourit, mais tout ceci n'est au final qu'un masque cachant nos défauts qui sont en totale inéquation avec le monde scintillant qu'on nous propose. La la land est donc la dénonciation par une comédie musicale de nos fantasme conformiste où chacun rêve d'avoir sa part du gâteau, présenté au cours d'une anecdote d'amour qui finit mal à cause des péchés de chacun. L'on peut d'ailleurs qualifier cette production de comédie musicale mélancolique et déprimante aux apparences pourtant très enjouées bellement fantasmées. La La Land est bien plus malin qu'il y paraît et s'affirme être le reflet putride et macabre de nos illusions et la névrose et l'aversion qui subsiste dans notre société.


Dès la séquence d'ouverture ou la comédie musicale prend forme dans la joie et l'utopie dans sa plus belle description de société, on aperçoit en arrière-plan un embouteillage infect et gangrénant venant contraster la situation. Un désenchantement du climat établi véhiculé par une mise en scène duquel on constate qu'elle favorise la symbolique du contexte caché et non de l'image première. Tout ceci s'impose comme l'illusion bâtie autour de cette perfection, qui n'en est une que si on en fait vraiment partie des riches, car dans le cas contraire nous sommes dans la convoitise et la jalousie la plus totale. La mise en scène est relativement fluide et reprend quelques scènes par-ci par là d'autre comédie musicale mais de manière légèrement plus maladroite et moins habile. L


Une application pour ma part volontaire car l'on discerne la maladresse de quelques chorégraphies par les acteurs principaux entre autres, comme si le cinéaste avait faits exprès de s'assurer que certaine danse ne soit pas parfaite, comme s'il voulait que ça soit intentionnellement maladroit. C'est comme si les beaux décors et tout ce qui s'y trouvent dedans venait à s'effriter sous le poids de la véritable amertume que tente de cacher cette spirale étincelante. Une œuvre qui finalement dépeint l'avidité et l'égoïsme dans sa plus simple forme parmi les plus belles métropoles. Les rêves de gloire qui ne sont nullement des rêves artistiques ni créatif, mais bien des ambitions démesurées d'élévation hiérarchique et de reconnaissance personnel où seul l'argent en est le four-voyeur. Aller dire que cette comédie musicale est excellente voir un chef-d'œuvre juste grâce à la mélodie et au talent des acteurs entre autres serait certes respectable mais assez naïf, car il est avant tout une dénonciation de ce que l'on est en vérité.


Ce qui m'a finalement envoûté c'est ce récit intérieurement sombre et malheureux qui s'amuse avec splendeur des codes établis pour s'insinuer en nous par ces fantasmes. Je terminerai par son final dont je ne perçois en aucun cas une maturité positive au sacrifice nécessaire de ce que l'on aime pour son accomplissement personnel, mais bien la résultante incontestée de la victoire de l'égoïsme communautaire dont nous sommes à la fois les martyrs mais également les bâtisseurs. Alors certes à la fin il a son bar de Jazz et elle a une belle carrière avec l'enfant qui va avec et pourtant tout ceci n'est rien de plus que le résultat de leur mal séance puisque une fois les deux réunis le fantasme de ce qu'aurait pu être leur vie apparaît soudainement comme si finalement jamais ils ne pourraient être étanchés de leurs désirs personnels malgré le fait qu'il possède tout.


CONCLUSION


La la land est une oeuvre devant laquelle on ne peut pas fermer les yeux tant la signification du cinéaste Damien Chazelle est personnel et impactant. Car oui ce film est visuellement superbe, les chansons sont cool et les acteurs bons, mais si l'on vient à retenir seulement cela de ce film que ""tout est beau et tout mignon et que les héros sont amicaux et gentils,"" ce serait vraiment une extrapolation mensongère et grossière. Car au final Ryan Gosling et Emma Stone ne sont que le reflet de la mélancolie morne et sinistre de la réalité de la vision de son auteur. La La land est une belle pépite bien entendu adoré mais incomprise par la majorité de ses fans et de ses détracteurs.



Un petit chef-d'oeuvre de beauté visuelle et de morosité profonde.


B_Jérémy
10
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le 10 mars 2019

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