"City of stars, are you shining just for me ?"

La La Land a pour but premier, d'être une vraie comédie musicale et en cela exploite tous les registres de la danse et de la musique. Et le but premier est amplement rempli, une véritable renaissance du genre, on en prend plein les mirettes. Non vraiment, quel magnifique hommage au cinéma Hollywoodien des années 40/50 et plus particulièrement aux comédies musicale de cette époque.


Mais l'ambition de Damien Chazelle ne s'arrête pas là, car La La Land c'est bien plus qu'une comédie musicale, c'est aussi l'histoire d'un couple qui se trouve puis se sépare, ainsi qu'une satire sur le Hollywood actuel. Pour finir, c'est aussi une proposition de film "what if ?" et c'est très stimulant. Ainsi le film nous questionne sur notre rapport au rêve et à l'importance que l'on porte sur nos choix de vie et ce que ça peut nous coûter que de vouloir aller jusqu'au bout de nos rêves.


La La Land, c'est quoi au juste ? C'est l'histoire d'un couple passionné chacun par son art, qui vont tomber follement amoureux, elle Mia (Emma Stone) une jeune fille qui espère devenir actrice à Hollywood et lui Sébastien (Ryan Gosling) un musicien pianiste qui espère ouvrir son propre club de Jazz.


Alors certes, c'est du mille fois vu. L'histoire est légère voir un peu naïve, mais n'est-ce pas au fond, ce qu'on recherche dans ce genre de comédie musicale sur le couple amoureux ? On recherche de la légèreté, de la folie, de la passion et tout ça, La La Land nous le sert avec une immense générosité. C'est un film sur la passion qui nous unit et qui peut également nous rendre terriblement seul. La musique, les couleurs, tout est mis en avant pour nous raconter tout ça. Et au final, c'est leur accomplissement personnel qui va les séparer.


Les chansons relèvent du fantasme et du rêve. Mia et Sebastian rêvent à fond au début du film, puis de moins en moins au fur et à mesure qu'ils doivent se confronter à la dure réalité. Ainsi, les parties musicales et dansées se concentrent principalement sur la première moitié du film (Hivers et Printemps), puis reviennent sporadiquement lorsque les rêves refont surface dans seconde moitiés du film (Été et Automne).


Et les chansons ne sont pas si nombreuses que ça, sept au total tout au long du film : Another day of Sun, Someone in the crowd, A lovely night, City of stars en solo puis en duo, Start a fire et Audition. Toutes les chansons sont justifiées et s'intègrent parfaitement bien au récit. Ma préférée est A lovely night, quand Sebastian raccompagne Mia à sa voiture après la soirée durant laquelle ils se rencontrent pour la première fois. La lumière est magnifique, au coucher du soleil. Les deux amants font encore semblant qu'ils ne s'aiment pas, ils essayent de nier l'évidence. Et à ce moment là, il y a un petit passage en claquette hommage à Singing in the rain. Mention spéciale aussi à la chanson City of stars lorsqu'ils la chantent en duo. Tous les deux ont un sentiment d'avoir atteint leurs objectifs. Ils ont réussi à se faire connaitre et reconnaitre sur le plan professionnel, mais ont aussi l'impression que ça leur coûte leurs rêves respectifs. Ils se rendent compte à ce moment là, que leurs rêves sont au point mort (carrière d'actrice pour Mia, ouverture du club de jazz pour Sebastian), mais aussi que cette relation est déjà au point le plus haut. Et la suite, c'est forcément la chute ...


Les couleurs, les costumes et les décors sont somptueux et s'accordent au quatre saisons qui chapitrent le film. Plus le film avance, plus les couleurs se ternissent, s'assombrissent dans un certain sens. L'opposition entre rêve et réalité est le cœur-même de la plupart des comédies musicales dont le sujet est Hollywood (aka A star is born et Singing in the rain). Lorsque vient le rupture, la musique disparait. La musique appartient aux rêves, aux attentes, aux désirs, au bonheur, aux illusions peut-être ... la rupture met fin à tout ça, à toute cette part de rêve.


La La Land est porté par le duo Emma Stone - Ryan Gosling, qui se reforme pour la troisième fois à l’écran après Crazy Stupid Love et Gangster Squad. L’alchimie des deux têtes d’affiche, n’est donc plus à prouver et leurs émotions transcendent l’écran. Elle est splendide, la belle Emma Stone. Le meilleur du film, c'est bien elle : légère, enjouée, rayonnante, comme le héros de tout « musical » qui se respecte. Je ne pourrais en dire autant de Ryan Gosling, tant aimé chez Nicolas Winding Refn (Drive) et chez Shane Black (The Nice Guys), mais ici un peu trop dans la retenue dans son jeu et toujours dans l'ombre de sa partenaire de jeu. Mais en fait, tout bien pesé, son jeu s'équilibre avec celui d'Emma Stone et finalement les deux opposés se renforcent.


Et puis il y a cette magnifique scène finale. C'est la dernière fois qu'ils se croisent de manière impromptue et on entre dans le domaine du "What if ?" ...


On se retrouve cinq ans après la rupture entre Mia et Sebastian. Mia a vécu en France, s'est mariée, a eu un enfant et de retour à Hollywood, elle entre par hasard un soir dans un club de Jazz sobrement nommé "Seb's". C'est alors que les deux anciens amants croisent leurs regard, lui sur scène, elle dans l'audience. C'est alors que leurs choix sont remis en question, Mia et Sebastian peuvent imaginer un scénario alternatif où leurs choix auraient été différents (le principe du "what if"). Ou alors est-ce seulement Sebastian qui remet en cause les choix de sa vie ? Mais quoi qu'il en soit, ce n'est pas l'expression d'un regret, bien au contraire ... c'est le bonheur de s'être connus l'un et l'autre, d'où le sourire aux lèvres lorsqu'ils se séparent probablement pour la dernière fois.


La La Land, c'est un film qui fait du bien, avec de couleurs qui pètent de partout, la caméra qui virevolte dans tous les sens, les traveling avant et arrière ... un véritable plaisir pour nos yeux, ébahis devant un tel spectacle. Emma Stone crève l'écran et Damien Chazelle est beaucoup trop fort (une véritable leçon de mise en scène). Et puis cocorico, Damien Chazelle est franco-américain et parle très bien français.

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le 14 nov. 2021

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lessthantod

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