Le masqué est très bête parfois.
Car après avoir entendu le titre La Légende d'Ochi, il avait déjà préparé toute une diatribe pour dire que le biopic musical au cinéma, il en avait un peu marre. Et que c'était très présomptueux surtout venant d'une jeune artiste pour envisager si rapidement une hagiographie.
Les premières minutes du film ont donc déstabilisé le masqué, qui se demandait si la chanteuse Hoshi était vraiment née dans une île de la Mer Noire et avait raccompagné une boule de poils auprès des siens...
Avant de réaliser que La Légende d'Ochi était simplement une nouvelle fiction qui lorgnait du côté de l'âge d'or et de l'émotion des productions Amblin tendance E.T. l'Extra-Terrestre. Et là, Behind a mieux compris le truc.
Et apprécié.
Il est clair que l'attraction principale de l'oeuvre, c'est son petit animal indéfini, mi orang-outang, mi sapajou, mi baby Yoda, bluffant de vie et de présence. Son réalisme résulte quant à lui d'un mélange d'effets pratiques et digitaux relevant de la parfaite harmonie, portant toute la magie de l'ensemble à l'écran.
On y croit, tout simplement, comme on a pu croire qu'un célèbre extra-terrestre n'était pas qu'une simple marionnette.
Mais cet Ochi est aussi mignon qu'il peut être effrayant entouré des siens, comme le montre cette charogne à moitié dévorée dès les premières secondes du film, ou encore une attaque nocturne surprenante de rythme.
Cette balance entre le merveilleux et une réalité un peu plus sauvage se retrouve constamment dans les décors traversés par le duo, tour à tour magnifiquement inondés de couleurs que déstabilisant dès lors qu'ils s'insèrent dans certaines ténèbres des contes et des fables.
La Légende d'Ochi essaie par ailleurs de sortir de l'innocence classique de ce type de divertissement en dessinant un portrait vivant de l'embrigadement, via le personnage un poil too much incarné par un Willem Dafoe moins subtil.
Mais la magie opère, lorgnant de temps à autres sur des accents chers à Wes Anderson, et soutenue par les flûtes quasi orientales, par instants, d'une musique des plus atypiques et enthousiasmantes.
Jusqu'à, malheureusement, une dernière ligne droite qui tombe de manière bien trop naïve, reprenant un peu de ce que cette Légende d'Ochi avait réussi à imprimer jusqu'ici. Son merveilleux en apparaît un peu lesté. Et s'il reste quand même un bon ressenti bâti une heure durant, ainsi qu'une certaine émotion, cette fin l'appuie de manière bien trop tonitruante pour ne pas briser l'équilibre qui était pourtant parfaitement tenu par Isaiah Saxon.
Mais cette légende reste assez sympathique et s'inscrit comme une véritable curiosité dès lors qu'il ne sera pas anodin de relever qu'elle est le fruit d'un partenariat inédit, entre la production de frères Russo depuis longtemps considérés comme de vulgaires tâcherons sous la coupe Marvel, et sa distribution assurée par A24, la boîte tendance qui est toujours trop bien.
Dommage que La Légende d'Ochi n'ait pu viser plus haut, car avec un peu plus de rigueur, elle aurait réussi à pleinement convoquer cette saveur 80's familiale et candide qui était pourtant à portée de main.
Behind_the_Mask, qui se méfiera dorénavant des homonymes.