La légende de Gösta Berling demeure très certainement le film le plus célèbre de Mauritz Stiller : fresque historique de plus de trois heures, à l'ampleur visuelle d'une séduisante modernité ce drame complexe d'une brillance technique indiscutable fut le film de la consécration pour l'incontournable Greta Garbo et - dans une moindre mesure - celle du réalisateur suédois, ce dernier se voyant offert par les producteurs de la MGM un billet d'entrée pour Hollywood... avant de se voir littéralement floué par ses hôtes, dissocié de son actrice emblématique et finalement relégué aux projets impersonnels voire sans envergure !


Scandé en deux parties et narré en dix actes La légende de Gösta Berling s'avère pour le moins dense et tout à fait représentatif du cinéma de Stiller : on y sent fortement l'héritage théâtral du cinéaste, son goût pour l'intime et le romanesque et surtout sa formidable capacité à ancrer ses personnages dans des lieux typiques et immédiatement identifiables. La limpidité du film trouve toute sa pertinence dans l'équilibre impeccable installé entre des images d'une prodigieuse lisibilité et des cartons toujours justifiés, conduisant un récit d'une cohérence remarquable bien qu'assez soutenu dans son rythme.


Mauritz Stiller n'avait sans doute pas son pareil pour insuffler à ses images un style d'une poésie peu commune, excepté peut-être le génial Erich Von Stroheim qui vient à l'esprit au gré d'un plan magnifique s'attardant sur un Lars Hanson carressant au creux de ses mains, meurtri par le froid, un passereau. Sorti du reste la même année que le chef d'oeuvre Greed La légende de Gösta Berling témoigne d'une certaine idée de l'aboutissement narratif du cinéma muet, fort de sa clarté et de sa puissance évocatrice.


De la même façon que le resplendissant A travers les rapides tourné quelques années plus tôt ledit sommet magnifie ses décors et ses personnages, les laissant fusionner, communier, composer côte à côte. Il y a quelque chose de profondément allégorique dans l'Oeuvre de Mauritz Stiller, dans sa manière de traduire l'intériorité de ses figures par une sublimation naturelle et dans son exploration des différentes classes sociales abordées. Lars Hanson, l'acteur fétiche de Stiller, incarne ici un Gösta Berling des plus épiques aux côtés d'une Greta Garbo mémorable. Un classique.

stebbins
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le 25 juin 2017

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