38 ans avant que JJA ne le reproduise avec une vierge de pierre dans son hommage à Quasimodo, Toshiharu Ikeda faisait pleurer le bouddha dans La légende de la sirène, un revenge movie on ne peut plus singulier, aussi remarquable dans sa note d'intention, que foutraque dans sa dernière ligne droite.
La première heure qui pose les bases du double meurtre d'un couple de pêcheur, par des yakuzas à la solde d'industriels gourmands qui se débarrassent des derniers opposants à un projet de construction, est pourtant bien foutu. Surtout que cette dernière formalité se complique quand la femme du couple ressort de l'eau un peu trop vivante pour le bien du projet.
Toute cette phase du film est sympa, de même que ce qui suit : la plastique avantageuse de Mari Shirato est joliment — et généreusement — filmée, son interprétation est par ailleurs très honorable, son personnage réagit de manière crédible et le fait que Toshiharu Ikeda prenne son temps pour faire naître son désir de vengeance sert bénéfiquement l'histoire.
Mais une rencontre avec un yakuza lubrique plus tard et tout fout le camp, la sirène se transforme en Michael Myers, sans prendre la peine de mettre un masque avant de dessouder tout le monde, non sans avoir oublié d'invoquer le pouvoir du bouddha.
Comme si un producteur s'était invité à la fête avant de décider, après la première heure, que tout cela manquait un peu de fantaisie : flinguez-moi tout le monde, et avec style s'il vous plait.
Ça, du style, le film n'en manque pas, c'est certain. Et si tant est qu'une rupture de tonalité dans le dernier acte ne vous gêne pas, vous pourriez vous amuser comme un gamin devant les geysers sanguins qui mettent de la couleur dans l'image. Mais si, comme moi, vous en arrivez à trouver toute cette hystérie décidément too much, vous finirez la séance avec une image très négative du film en tête alors que vous le teniez en haute estime pendant la première heure.
Arf :(
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Quelques captures ici pour les intéressés.