Un poil déçu par ce troisième épisode de l'intégrale Wildside (8ème de la série), je m'attendais à une oeuvre vraiment plus marquée visuellement, Misumi étant derrière la caméra. Mais pour le coup, mis à part deux trois compositions de plans qui sont empreintes de sa pâte graphique, il préfère épurer le côté formel de son film pour donner plus de place à la trame assez sérieuse qui fait le script du film. Non pas que Voyage meurtrier soit faible formellement, on y retrouve une grande rigueur esthétique, mais elle passe à mon sens ici au second plan contrairement au premier épisode de la saga où elle participait activement à l'histoire.
En abordant l'envie de paternité de Zatoichi et cette fatalité qui fait qu'il ne sera certainement jamais père au vu de son mode de vie, Misumi propulse la saga sur des terres presque dramatiques. Et s'il insère entre deux séquences baignées d'émotions quelques passages plus comiques, il reste dans un registre presque sombre en berçant son histoire d'une mélancolie morose qui fout un peu le bourdon. Pour enfoncer le clou, il introduit également sur le chemin de son sabreur aveugle une jeune femme qu'il se refusera d'aimer, comme pour achever cette idée qui fait de Zatoichi un homme condamné à mener une vie de solitaire.
Cette tristesse latente ne m'a pas spécialement convaincu, j'ai trouvé le message général un peu trop appuyé et le manque de fougue du film, qui est servi par un rythme très lancinant m'a laissé un peu froid par moment. Et si Misumi nous rappelle à quelques reprises qu'il maîtrise son sujet dès lors qu'il met en scène des mises à mort fulgurantes, j'ai pour ma part trouvé qu'il martelait un peu trop son message. Certainement juste une histoire qui ne me touche pas spécialement et qui m'a, pour le coup, fait trouver le temps un peu long par moment.