La méprise
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Même la meilleure série des années 1960-1970 peut, sur un épisode, se rater en beauté. On est en 1971, la Daiei est au bord de la faillite et emmène dans sa disparition la Dai-Nichi qui n'a pas encore un an d'existence. Est-ce que cela explique le logo de la Toho au générique ? (avis aux spécialistes). Quoiqu'il en soit l'ambiance n'est pas sereine dans le studio, et un peu d'ouverture à d'autres marchés ne pouvait lui faire de mal.
Prérequis à cette ouverture originale : ne pas être hermétique aux films de la Shaw, puisque notre masseur aveugle va ici partager l'écran avec le sabreur manchot d'Un seul bras les tua tous et devoir affronter des moines qui évoquent spontanément les séries Shaolin et le Wu Tang. La version originale signée par Chang Cheh ne m'avait pas plus emballée que cela, mais ici le mélange des genres ne prend pas. L'idée du crossover était pourtant sympa, a fortiori quand on connaît l'histoire du cinéma hongkongais et ses influences. Mais les scènes d'apparition du sabreur manchot tournent vite au ridicule et surtout, le script du film tient en quatre points :
- le Chinois est poursuivi par tous les hommes en âge de prendre les armes pour couvrir une affaire d'Etat ;
- Zatoichi veut aider le Chinois mais la barrière de la langue entraîne des quiproquos récurrents ;
- Zatoichi revient systématiquement sur ses pas (dans l'auberge où on a droit à chaque fois aux mêmes personnages secondaires, chez le couple de paysans, chez la prostituée, etc.). Je passe sur les grivoiseries bouffonesques comme le pet au visage du "voyeur" ;
- A cause de leur incompréhension réciproque, Zatoichi (c'est un comble quand on connaît les facultés extrasensorielles de notre aveugle) et le sabreur manchot vont devoir s'affronter malgré tout, mais pas avant d'avoir éliminé tous les hommes de la région.
C'est extrêmement répétitif et ennuyant, en plus d'aboutir sur des temps forts qui ne plairont pas à tout le monde : un sabreur manchot doté d'une épée en carton qui se bat comme un pied et effectue des envolées de dix mètres... Je m'excuse auprès de ce ceux qui aiment ce cinéma mais j'ai trouvé ici les chorégraphies maladroites, c'est peut-être lié au fait que le film n'est "que" supervisé par un assistant hongkongais (Hsu Tseng Hung) et ne bénéficie pas de toutes les équipes de la Shaw, mais tout de même.
On retiendra quelques messages plus généraux : oui le bakuhan était un ordre militaire très strict et ses serviteurs avaient pouvoir de vie et de mort sur tous les civils. Oui il y avait de la corruption au niveau local, et les yakuzas et les fonctionnaires locaux pouvaient s'entraider. Des thèmes bien connus du cinéma des années 1960. L'originalité vient ici des messages adressés aux Japonais et aux Chinois, deux peuples qui vivraient en harmonie s'ils se comprenaient mieux.
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Créée
le 13 oct. 2024
Critique lue 7 fois
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