Bisserie made in Nam Nai-Choi
Quand on parle de bisserie made in HK, le premier réalisateur qui vient à l’esprit des amateurs de peloches de l’ex-colonie anglaise est sans aucun doute Nam Nai-Choi, capable de mettre sur pellicule un affrontement entre un homme et un kangourou, un combat entre un chat extraterrestre et un chien, une adaptation ultra gore de Ken le Survivant, ou encore une version bien à lui de Histoire de Fantômes Chinois. Peacock King porte bien la marque de son réalisateur et devant tant de folie, et ce malgré un rythme en dent de scie malgré la faible durée, on ne peut qu’être nostalgique de cette époque bénie du ciné HK où le n’importe quoi côtoyait souvent le n’importe quoi…
Alors Peacock King, c’est quoi ? C’est des mini démons qui se cachent dans les pantalons des gens, des dinosaures en latex qui s’animent (mal), des japonais qui parlent cantonais, Yuen Biao qui escalade une grande roue dans une fête foraine, des moines qui font des kamehamehas, des plaques d’égouts volantes, des cadavres vidés de leur sang, une petite visite guidée de la 3ème porte des enfers, un monstre moche comme jamais vu dans le ciné HK et animé comme dans les années 60, des SFX cheaps mais bien dans leur époque, des décors carton pâte, des filtres de lumière multicolores jusqu’à l’overdose, un château du roi des enfers sortant du sol, des stalactites en latex, un boss de fin géant,… Et j’en passe !
Nous sommes bel et bien en présence d’une bonne grosse bisserie comme seul Hong Kong savait en faire à cette époque mais pourtant cette ambiance très 80′s s’avère très plaisante pour les amateurs du genre et on est vraiment content de la retrouver tant les productions actuelles sont souvent assez formatés. Notons également des petits clins d’œil aux succès locaux du moment avec des répliques telles que « Il aurait pu jouer dans Mr Vampire » ou encore « Je pourrais voir Jackie Chan ? ». Ce n’est pas grand chose en soit mais ca nous permet d’esquisser un petit sourire.
Malgré un faux rythme assez évident, Peacock King n’en oublie pas de faire preuve d’une vraie générosité et en devient même rapidement très attachant grâce à des personnages très funs. Celui qui tire son épingle du jeu, c’est Yuen Biao en mode « je me la pète, je suis le plus beau, le plus fort », le genre de moine qui danse dans les boites de nuit et qui ne se sépare jamais de ses petites lunettes de soleil rondes. Il nous montre une fois de plus tout son charisme et on regrette vraiment qu’il n’ait pas eu plus de rôles principaux à la mesure de son talent.
Il est d’ailleurs à l’origine du seul combat du film dans lequel il affronte une horde de sbires avec à leur tête le toujours excellent Gordon Liu. Superbement chorégraphié, Yuen Biao est tout simplement impressionnant, virevoltant et pourtant très peu câblé, réalisant une fois de plus ses cascades lui même.
C’est dommage qu’il n’y ai pas plus de scènes d’action de cet acabit même, Nam Nai-Choi préférant mettre l’accent sur la magie et par la même occasion de très nombreux effets spéciaux très flashy. C’est un déluge de couleurs et d’effets tous plus rigolos les uns que les autres, toujours dans un style très artisanal comme on en a l’habitude avec le ciné HK de cette époque, mais avec en plus des petites animations image par image très réussies comme pour ces petits démons au look très original.
Adapté du manga Kukaju-Ô dont il serait très fidèle si on se fie à ce qui se dit sur la toile, Peacock King est loin d’être un grand film. Pourtant, il permet de passer un très bon moment 1h20 durant, et on espère que sa suite, Saga of the Phoenix, soit au moins de la même trempe.