Mer, ma mère, mon enfantine ronde...

Un nom original, 1900, pour ce bébé abandonné sur un navire de plaisance et recueilli par un machiniste au cœur tendre. Il grandit et vit avec le siècle, à son aise sur cette grande machine océane dont il connaît tous les recoins et trouve sa vocation lors d'une rencontre avec le piano du grand salon. C'est un virtuose, un magicien des sons. Le regard éclairé et sans jugement, qu'il pose sur les passagers lui inspire des airs inoubliables, appréciés par tous les voyageurs, riches ou pauvres rêvant leur Amérique ou pas. Il enchante le monde, fait des jaloux, rencontre des amis pour la vie, peut-être l'amour...au cours des escales où il contemple la ville de loin. Mais le temps passe et la vie autour de 1900, également. La magie perd de son charme, les croisières somptueuses sont moins prisées...il est temps de grandir, de quitter la mer pour la terre ferme, la grande ville, pour l'amour d'une jeune fille?
L'histoire pourrait tenir du conte de fée, mais le bonheur est fragile, 1900 également et les choix trop difficiles, peut-être? Le siècle a changé et le navire est à quai, vieux débris, bon pour la casse...Signe des temps. Quel choix fera notre héros?
Il y a des scènes merveilleuses, dans ce beau film, où jouer du piano tient du rêve. la Statue de la liberté dans le brume est l' espoir de l'émigrant. Le combat musical entre "l'inventeur du jazz et 1900" est un éblouissement. L'amitié qui se noue avec un clarinettiste de l'orchestre est bien amenée dans une scène d'anthologie.
Les décors sont somptueux, on en oublie presque la terre, sauf aux quais de douane où l'inversion du danger devient intéressante, l'océan est le refuge, le nid face a la grande ville aux rues sans fin.
Tim Roth est inoubliable en virtuose et charme fait homme (comme d'habitude) dans ce rôle d'inadapté au monde quotidien. Avec la musique d'Ennio Moriconne