Eblouissant dépaysement !
Œuvre étrange que ce premier long métrage de Santiago Otheguy dont le scénario, dialogues compris, tient en 5 lignes. Mais l’essence du film est ailleurs. Elle tient d’abord en un concept esthétique composé d’intenses plans fixes admirablement mis en valeur par une photo noir et blanc et une lumière empreinte de contrastes finement calculés. Elle repose aussi sur cette dualité marquée entre le sauvageon Alvaron homosexuel à la beauté primaire et El Turu, un rustre macho dont le seul charme est d’être le capitaine de La Leon, bateau bus reliant l’île, petite partie d’un monde perdu dans la mangrove à la civilisation. Il se dégage de ce récit une force hypnotique qui vous imprègne, vous envoûte et tient votre attention suspendue à un fil mince qui peut rompre à tout moment. Otheguy réussit ce pari fou, de cette ambiance minimaliste, il délivre un film puissant et magnifique où la nature hostile et omniprésente compacte l’humain et semble ne jamais vouloir le libérer. Un éblouissant dépaysement !