Ce film est celui dont Wim Wenders a le plus honte. Le suivant, Alice dans les villes, très personnel fut une manière d'exorciser l'impression qu'il eut d'être piégé dans une oeuvre de commande. La copie a de plus dut être restaurée, et le film a gardé quelques petits ralentissements et défauts sonores.


Et pourtant, pour qui ne cherchera pas forcément dans ce film une oeuvre wendersienne, il y a à boire et à manger. Il m'a certes fallu un peu de temps pour entrer dans le film. Le début fait très fauché, avec la voix off et les plans intemporels, on dirait des rushes. La composition des plans est très statique, comme dans un peplum à la Ben Hur, et la musique "à l'ancienne" n'aide guère.


Et pourtant, ce film dégage indéniablement une atmosphère. Il est baigné dans une lumière automnale qui fait ressortir le bleu éclatant de la mer et les beaux paysages de côte rocheuse. A l'exception du bateau-maquette qui attend dans la baie, les décors sont plutôt réussis, notamment les scènes d'extérieur dans les rues de la petite bourgade, qui font un peu western. Evidemment il ne faut pas chercher de réalisme ici, on est dans du cinéma.


Le casting est également tout à fait honorable. La petite Pearl est fascinante, elle est un peu le metteur en scène, par moment, la caméra épouse ses mouvements d'enfant qui questionne, qui remet implicitement en cause le monde qui l'entoure et la voit comme le fruit du péché.


En revanche, ce qui m'a frappé, c'est le fait que Chillingworth paraisse en quelque sorte mis au second plan. Je n'ai pas relu le roman, mais il me semble que le mari qui cache son identité était une figure sadique, quasi-démoniaque dans l'oeuvre originale. Ici, c'est une figure ambiguë, dont la vengeance est plus suggérée que montrée. Là où le film est maladroit, c'est qu'on pourrait presque le prendre en pitié, par moment. Mais il est largement mis au second plan derrière l'enfermement de la communauté sur elle-même, l'étroitesse de sa vision du monde. Et le film, sur ce plan, arrive à en suggérer beaucoup.


On ressent un peu des difficultés de production, au sens où le rythme auquel le récit avance a quelque chose de heurté, mais pas plus qu'on n'en trouverait dans un film de Werner Herzog.


Et au fond c'est ça qui n'a pas plus à Wenders : il voulait faire un film de Wenders, il s'est retrouvé à faire un Herzog en costumes. Mais c'est dommage qu'il pense ainsi, car ce film a une originalité dans une oeuvre que l'on dénigre parfois pour son homogénéité, Wenders ayant souvent été accusé de "faire toujours le même film".


Je n'ai pas non plus joué à "voyons si c'est une adaptation fidèle", ou "voyons ce que vaut l'oeuvre si on la compare à la version de Griffith". Cela me semblait assez oiseux.


Un bon film, atypique dans l'oeuvre de Wenders, et c'est ça qui est bon.


Synopsis : Un inconnu arrive à Salem. On est en train d'y juger une belle jeune femme, Hesther Prynne, contrainte de porter un "A" écarlate sur son vêtement et de vivre sur une île isolée, pour rappeler son adultère. Elle a en effet eu un enfant hors-mariage, mais refuse de donner le nom de son amant, qui fait partie de la communauté. L'homme est son ancien mari, Roger Chillingworth. Il reste incognito en ville, pour démasquer l'amant, s'installant comme médecin. Esther ne l'aimait pas. Il obtient du gouverneur Bellingham qu'Hesther puisse se déplacer en ville, pour mieux l'observer.


La petite Pearl est harcelée par les gamins du coin. Les responsables religieux interrogent la petite sur la religion. Elle répond mal, et ils veulent la retirer à sa mère. Le pasteur la défend. Il fait souvent des crises, et Chillingworth s'installe chez lui pour pouvoir mieux le soigner ; en réalité, pour l'espionner car il a deviné que le jeune homme est l'amant d'Hesther. Il apaise une fille hystérique, la fille du gouverneur que celui-ci garde enfermée.


Le gouverneur est malade. Chillinworth fait chercher Hesther pour qu'il l'aide à le saigner, ce qui met le pasteur dans tous ses états. Peu après, le gouverneur meurt. Dimmesdale reste à son chevet, mais supporte de moins en moins la situation. Chillingworth le surprend assoupi, entrouvre son col, et voit que l'homme d'Eglise s'est scarifié la même lettre A qu'Hesther sur l'épaule. Après la mort du gouverneur, c'est Fuller, un illuminé, qui prend la tête de la colonie. Il veut juger sévèrement Hesther.
Le Providence, venu de Liverpool, fait escale. Hesther demande en secret de partir pour 3 personnes. mais au moment d'embarquer, Chillingworth est là. Le pasteur retourne à Salem pour confesser publiquement ses péchés. Il s'effondre. Hesther s'enfuit. Le pasteur veut la rejoindre, mais Fuller l'étrangle dans l'église déserte. Chillingworth voit son ancienne femme s'enfuir en barque.

zardoz6704
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le 12 nov. 2018

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