Pour avoir lu le livre avant, je peux affirmer sans problème que ce film fait partie des bonnes adaptations de Stephen King, ce qui est loin d'être toujours le cas.
L'univers est parfaitement respecté, le casting incarne assez bien les personnages de papier, même ce bon vieux Tom Hanks qui nous la joue assez modeste, la réalisation est propre et sans fioriture. Bref, le contrat est rempli, merci les gars.
Si on se penche à présent sur le propos, comme c'est mon dada, qu'en retirons-nous ?
Tout d'abord, j'ai cru comprendre que certains y voyaient une justification de la peine de mort. Ca me parait totalement à côté de la plaque dans la mesure où les trois personnes exécutées au cours du récit sont de vrais agneaux conduits à l'abattoir, et devant subir des souffrances atroces pour au moins l'un d'entres eux.
Par contre, il me semble que cette fiction apporte sa grosse pierre à l'édifice de ce méta-récit américain identifiant l'innocence, qu'elle s'incarne dans un enfant, un simple d'esprit ou un bon sauvage, au bon sens.
Thème chrétien, s'il en est : « Bienheureux les simples d'esprits car le royaume des cieux leur appartient » (ou un truc dans le genre). Il trouve manifestement un écho particulier dans une société américaine méfiante vis-à-vis de l'intellect en général, conduisant au relativisme et à l'inaction.
Face à ce piège, le bon sens est la seule voie véritablement pragmatique à suivre.
Cependant, dans ce cas-ci, l'innocence est doublée d'une forme de bénédiction divine qui donne le droit de vie et de mort selon que l'on a affaire à un « gentil » ou à un « méchant ». Or, est gentil ce qui reste simple et méchant ce qui manifeste une psychologie un peu plus tourmentée !
L'habillage religieux rend donc selon moi le propos assez problématique dans la mesure où on a affaire à un bon sens de droit divin, absolu.
De même, la comparaison entre le couloir de le mort et l'auspice, voire la vie en général, où chacun attend l'heure de sa mort aurait pu être une bonne idée si cette dernière n'était pas soumise au bon vouloir totalement arbitraire de Dieu.
Je ne me souviens plus si le roman insiste aussi lourdement sur la dimension religieuse mais il me semble que le récit en aurait gagné en magie et en tragique si on l'avait maintenu dans l'immanence.