La ligne verte s'inscrit parfaitement dans cette problématique propre au fantastique : la fiction pour interroger le réel. Ainsi, l'apparition du surnaturel peut provoquer la surprise ou la méfiance, mais elle permet surtout de dénoncer la peine de mort et les erreurs judiciaires sous-jacentes.
D'une durée voisine de 3 heures, le film aurait été trop étouffant sans les quelques incursions d'humour idéalement distillées. Le rythme est donc intelligemment dosé, les agissements sadiques et les rares scènes chocs côtoyant les remarques percutantes et les apparitions de Mr Jingle.
Et que dire des acteurs qui interprètent leur rôle à merveille et de la réalisation subtile de Darabont.
Je retiendrai en particulier ce moment à l'approche de l'exécution où, par un bel effet de mise en scène, il est implicitement révélé que John Coffey est bel et bien un ange : le halo du projecteur de cinéma autour du crâne du personnage symbolisant une auréole, avec pour fond musical "I'm in heaven", extrait de Cheek to cheek.