Un sujet sensible, une belle communication, une grosse tête d'affiche, un beau budget (60 000 000$), des nominations aux oscars et un succès public.... Jusqu'ici, la Ligne Verte coche toutes les cases du chef-d'œuvre ! Mais ne vous y trompez pas, ce verni séduisant cache un film bâclé dont l'objet confine au prosélytisme le plus grossier.
Le pêché originel de ce film est en chacun des personnages et plus exactement dans leur écriture. Afin que le message du film soit compris du plus grand nombre, Frank Darabont a réduit au maximum la psychologie de ses personnages et nous présente des héros sans faille, ni défaut et un super-vilain seulement guidé par la haine de son prochain (mais pourquoi est-il si méchant ???) Le pire étant que ces parangons sont tellement figés dans leur caricature que les 3 heures de film ne suffisent pas à faire évoluer leur psyché ! Inévitablement, leur caractère immuable et sans nuance produise un scénario linéaire et sans surprise...
Ce manichéisme est renforcé par un jeu d'acteur oscillant entre le fade (Tom Hanks) et le pathétique (Doug Hutchison). Seul Mickael Clarke Duncan, figure mystique à la candeur enfantine, s'en sort avec les honneurs. Toutefois si le personnage de John Coffey a été aussi travaillé c'est justement parce que c'est lui qui cristallise (christ'allise ?) les aspirations du réalisateur : une bonté absolue, des pouvoirs divins, une condamnation injuste, un sacrifice consenti et une poignée de gentils apôtres.... Cela ne vous rappelle rien ?! N'ayons pas peur des mots, La Ligne verte n'est ni plus ni moins qu'une fable christique moderne et dégoulinante de bons sentiments, qui comme la bible, a pour mission de tracer une ligne claire et compréhensible entre le bien et le mal. Aussi, il est navrant de constater qu'un réalisateur puisse utiliser le cinéma comme vecteur de la pensée americano-chrétienne, dans le but de prêcher la bonne parole au box-office.