…
Vous savez, y a des tas de raisons pour lesquelles un film peut être un mauvais film.
Scénario foutraque/débile/incohérent, réalisation incompréhensible, mauvaise gestion du rythme, personnages clichés, effets spéciaux moches, manque de souffle, absence d'une quelconque réflexion, dialogues idiots...
Vous avez deviné ? « La ligue des Gentlemen Extraordinaire » cumule tout ça.
Et vous savez le pire dans tout ça ? Le postulat de base pouvait donner lieu à un film complètement dingue, à la fois sombre, déjanté et fascinant.
Alors on aurait pu mettre sur le coup Guillermo Del Toro, excellent dans l'adaptation d'univers de comics fantasmagoriques, et friand d'effets pratiques aux petits oignons. Ou alors Sam Raimi, qui manie aussi bien l'univers super-héroïque que l'action et l'épouvante. Mais non. A la place, on a placé ce projet avec un si grand potentiel entre les mains de ce gros tâcheron de Stephen Norrington (qui a commencé sa carrière comme spécialiste des effets spéciaux...ben putain, qui l'aurait cru en voyant cette boucherie visuelle...).
« Qu'est-ce qui surnage dans tout ça ? », me demanderez-vous.
Sean Connery a l'air content de reprendre du service en tant que pseudo-James Bond vieillissant. On relève des petites références sympas à son rôle phare par ci, par là... (misogynie assumée, mention de « M »...). C'est aussi lui qui a les meilleurs dialogues, disons les « plus spirituels » (ce qui n'est pas très difficile dans le cas présent). Et puis, comme ce mec aurait du charisme dans une pub pour Justin Bridou, difficile de trouver quelque chose à redire de ce côté là.
L'acteur qui joue le capitaine Nemo fait aussi du bon boulot, considérant le manque d'écriture des personnages. Ses scènes de combats au sabre sont sans doute les moins pires du film.
Et puis, on a la scène d'intro avec l'attaque de la banque d'Angleterre au char d'assaut, pas dégueulasse, même si on comprend déjà que, visuellement, on est sur quelque chose de moche.
La première scène d'action en Afrique est également acceptable dans le genre « parodie de films de shotguns ».
Puis bon, y a le reste.
Le scénario est débile. Rien n'est cohérent ou sensé, que ça vienne des gentils ou des méchants (comme le grand méchant qui s'expose dans les 10 premières minutes du film, la ligue qui se créé en un claquement de doigts, le plan de l'opération à Venise complètement con...). A vrai dire, héros et méchants sont tous si pathétiques qu'on devient le triste spectateur d'un combat d'infirmes.
Tout est laid. Les scènes à bord du Nautilus sont immondes, Mr. Hyde est à vomir (je parle même pas du boss final), les incrustations sur fonds-verts sont hideuses (la scène de course-poursuite à Venise...).
C'est mal filmé et monté, les cuts n'ont aucun sens. L'action est épileptique, illisible. Les dialogues sont tout ce qu'il y a de plus plan plan (champs/contre-champs d'une tristesse affligeante).
Les personnages sont caricaturaux, mal écrits, mal joués. Les répliques sont ultra-beaufs et sexistes. Le seul personnage féminin de la bande est un morceau de viande (Dorian Gray nous dit très finement qu'il aimerait bien « l'empaler », au sens figuré, l'homme invisible fait une référence bien lourde à sa teub...)
Mais le pire du pire : Il n'y a aucun souffle. On parle quand même d'un crossover entre des personnages de la littérature anglophone et aucune folie ne transparaît dans le film. Arriver à faire autant de merde conventionnelle et sans prise de risque à partir d'un postulat en or, ça tient de l'alchimie.