Une bonne petite surprise en ce qui me concerne, même si ce film n’est pas le gros lot cinématographique de l’année 2013. Mais l’air de rien, "La liste de mes envies" parle d’un certain nombre de choses, toutes d’actualité.
J’ai pourtant d’abord craint le pire, sentant un profond ennui s’installer quand la scène la plus poignante du film intervient. Portée par une interprétation absolument incroyable de la part de Marc Lavoine, à laquelle répond sans un mot Mathilde Seigner qui nous fait état d’une époustouflante expression scénique avec ce rictus de peur, de douleur et de désespoir mal caché par la chevelure projetée en avant, cette séquence constitue le moment le plus intense du film.
Ensuite, on se laisse porter par cette histoire empreinte de vérité. Aussi ai-je décidé de dresser une liste de tout ce qui m’a plu.
1°/ Ce dont le film parle : d’abord le désespoir lié par la perte d’un enfant ; ensuite le questionnement sur les bienfaits d’Internet ; les journalistes et leur approche du succès par des questions qu'eux seuls comprennent ; la vision sur la fortune et les besoins que cette dernière crée, en particulier quand celle-ci est inattendue ; l’amour ; le dialogue au sein d’un couple, les concessions ; l’entretien de l’amour par des petites attentions ; la confiance ; la méfiance…
2°/ Une très belle interprétation de Marc Lavoine : c’est lui qui amène la scène la plus dure, la plus puissante, la plus intense émotionnellement parlant ; c’est également lui qui arrive à interpréter le mieux les émotions, avec ses yeux remplis de larmes. Bref, bien que le sachant bon acteur, il possède un jeu que je ne soupçonnais pas chez lui, en tout cas plus évolué.
3°/ L’entrée en scène de Cécile Rebboah sous les traits de Mado : elle est limite caricaturale, mais elle prête quand même à sourire parce que le ridicule de la situation a su être utilisé. Quoiqu’il en soit, elle fait de son personnage une femme très attachante.
4°/ Dans le rôle de Jocelyne, Mathilde Seigner change quelque peu de registre dans le sens qu’elle ne s’adonne pas au franc-parler auquel elle avait habitué le spectateur. Oh on a bien quelques banderilles ici et là, mais on est loin de sa causticité légendaire.
5°/ Le récit s’est voulu aussi authentique que possible en portant à l’écran des gens simples, tels qu’on en rencontre tous les jours : des gens normaux, sympathiques, mais aussi des amies légèrement intrusives par l’intermédiaire de ces commères décidément très curieuses, peut-être un peu jalouses, ou envieuses ou encore intéressées sur les bords.
6°/ Par sa dimension humaine et sa profondeur, le film fait appel aux bons sentiments.
7°/ Une belle mise en valeur de la ville d’Arras qui retrouve ici ses lettres de noblesse, et ça donne envie d’aller visiter cette ville.
8°/ L’énergie apportée par le tandem Virginie Hocq/Frédérique Bel dans cette histoire quand même un peu sombre.
Mais j’ai dressé aussi une liste de ce qui m’a déplu.
1°/ Le fait que la F.D.J. (acronyme de Française Des Jeux) ait été transformé en €.D.J. Euuuuuuh je ne vois pas bien l’intérêt…
2°/ Le personnel de l’€.D.J. est particulièrement désagréable, tombant dans une très mauvaise caricature. Et il n’y en a pas un pour rattraper l’autre, pas même la psychologue qui aurait bien besoin d’une thérapie ! Alors certes ses arguments sont justes car souvent constatés, mais son personnage semble être en proie à une vive paranoïa. En revanche, on appréciera les répliques apportées par Jocelyne (Mathilde Seigner) qui a réponse à tout, ou presque !
3°/ Les rues d’Arras sont curieusement désertes, surtout en ce qui concerne la Place des Héros.
4°/ L’invraisemblance que constitue l’accès libre au beffroi au beau milieu de la nuit. Non seulement pour y monter (et le visiter) il faut payer (pour les curieux, il faudra s’acquitter de la modique somme de 3,10€), mais en plus ça ferme au plus tard à 18h30. Alors pour ce qui est de l’accès tel qu’il nous est montré…
En conclusion, "La liste de mes envies" est un bon film. On retiendra surtout de ce film cette multitude de sujets dont le film parle, des sujets pour certains très différents les uns des autres mais astucieusement liés entre eux pour construire l’histoire de cette petite mercière d’Arras passionnée par son boulot. On retiendra aussi l’interprétation époustouflante de Marc Lavoine, à qui je donne ma mention spéciale. On retiendra également Mado, ce petit bout de femme qui réussit à s’attirer l’attachement du spectateur et lui arracher quelques petits rires ici et là.
Et enfin on retiendra aussi cette réflexion provoquée par ce regard sur le monde, un regard effectué avec une belle dimension humaine, laquelle est renforcée par un propos d’une belle profondeur et une photographie bien plus qu’intéressante, ce qui ne gâte rien !