Le cinéma au service du devoir de mémoire

Oubliez le récent "La rafle", La liste de Schindler reste l'oeuvre indispensable de la traque des juifs par les nazis par l'horreur qu'il dégage mais aussi l'espoir rare mais existant de cette période. Le choix du noir et blanc est une très bonne idée, tout ce qui émane de ce temps nous paraît toujours sombre et froid, ainsi par cette voie Spielberg monte son long-métrage presque comme un film d'archive. Le film dure plus de trois heures, mais ce n'est pas un mal, le temps défile sans encombres et très franchement j'ai rarement senti les minutes passés.

Spielberg multiplie les moments forts, mais je ne parle pas de ceux qui choquent par leur degré de réalisme mais de ceux où les personnages évoquent des états d'âme, des doutes et des peurs. Ainsi Neeson et Kingsley partagent des scènes magnifiques qui allient avec grâce tout ce qu'il y a de plus importants au cinéma : écriture, mise en scène, interprétation. Le larmoyant est évidemment présent, mais c'est l'exigence du sujet. Le casting est dirigé d'une main de maître ; Ralph Fiennes est à couper le souffle dans cette incarnation du mal si habité. Rarement un film nous aura paru aussi vrai que La liste de Schindler, Spielberg livre quelque chose à la fois d'exemplaire et de dure, c'est un peu la marque des génies.