Ce film multi-oscarisé traite de l’œuvre d’Oskar, homme contrasté qui finit par sauver la vie de plusieurs centaines de juifs de la solution finale échafaudée par la sauvagerie nazie. Et c’est le maître du blockbuster qui prendra les rênes de ce projet ambitieux mais casse-gueule. Steven Spielberg est un réalisateur à part, capable de s’adresser à des spectateurs différents et variés. A la fois le faiseur de blockbusters grand public et familiaux, il est aussi capable de réaliser des films bien plus intimistes, historiques et personnels. La liste de Schindler, triomphant donc aux Oscars 1994 et notamment vainqueur du prix du meilleur film, se situe entre les deux facettes du réalisateur américain. A la fois grand public et pour presque tous les âges, le film est également très personnel pour Spielberg et d’une grande sensibilité, fait rare pour un film de cette production. Preuve de tout ceci, la durée quasi exceptionnelle du film : 3h15. Vu les nombreux débats récents sur la durée de Blade Runner 2049 et son triste échec au box-office, on comprend bien que ce n’est pas quelque chose d’anodin. Le sujet du film est aussi d’une grande difficulté : il faut savoir traiter le sujet sans rentrer dans du sentimentalisme exacerbé ou dans l’exagération pure et simple. Le succès d’un film ne se mesure pas seulement à son box-office mais aussi et surtout à son statut qui est le sien sur le long terme. En tout état de cause, en plus d’être culte, le film détient une des meilleures moyennes d’utilisateurs sur tous les sites de notation. Un succès mérité et intemporel qui s’est basé sur des qualités fortes auxquelles je vais essayer de rendre honneur.


La bande-originale de John Williams est à l’image du film, d’une grande sensibilité. Elle réussit à amplifier nos émotions déjà bien chamboulées par les images marquantes et indélébiles du film. Il arrive parfois que la musique soit très belle, mais qu’elle prenne trop le pas sur le film, qu’on se souvienne plus d’elle que du film parce qu’elle possède un thème indémodable ou qui écrase le reste. Sans juger la qualité de ces films, je trouve que l’on retrouve un peu ce sentiment avec Mission Impossible ou Rencontre du 3ème type. Dans notre film, la BO est magnifique mais réussit à accompagner le film merveilleusement bien. Cette superbe partition participe à l’ambiance absolument incroyable du long-métrage. Déjà grâce à un parti-pris gagnant : le noir et blanc. Ça apporte une belle pureté et une esthétique irréprochable, on est plongé dans un univers sombre, dont l’espoir est absent (sauf à la fin, mais justement les couleurs reviennent). Ce noir et blanc plonge le spectateur dans des scènes proches des images d’archive, comme pour nous dire : ces horreurs se sont réellement passées. Au-delà du morbide de certaines scènes, notamment l’incroyable séquence du massacre du Ghetto de Varsovie, où hommes, femmes et enfants sont crument exécutés devant les yeux du reste de leur famille, la beauté de la photographie est omniprésente. Ce n’est pas un hasard si l’Oscar de la meilleure photographie lui a été attribué. Ce n’est pas juste lié au choix du noir et blanc, puisque certains plans sont absolument splendides, à commencer par celui-ci, ou ce plan d’Oskar.


Je suis toujours estomaqué devant la justesse de certaines scènes et c’est en grande partie du aux magnifiques personnages qui composent le film. Oskar Schindler n’est pas un homme parfait et idéalisé comme on adore faire dans les films historiques américains, bien au contraire. Il a beaucoup de défauts qui sont clairement identifiés : est-ce pour autant les émotions sont moins fortes à la fin ? Bien au contraire, cela ne fait que renforcer nos émotions. C’est un homme touché, sincère, vrai. Par ailleurs la performance de Liam Neeson est remarquable et sa nomination à l’Oscar du meilleur acteur est méritée. Ben Kingsley, alias Itzhak Stern, est aussi remarquable de sincérité et d’affectuosité. Il est difficile de ne pas trouver ce personnage attachant. A contrario, Ralph Fiennes joue un personnage diabolique, presque sans humanité, Amon Goeth. Malgré tout, ce personnage fascinant m’a profondément marqué et j’adore. Lorsque les méchants ont un tel niveau de profondeur et de charisme, ils subliment encore plus le film. Il est difficile de rester indifférent, on ne peut d’ailleurs pas accuser le film de surenchère puisqu’une grande partie des évènements vus dans le film sont inspirés de faits réels, Amon Goeth ayant vraiment existé.


Enfin, le film sait parfaitement nous transmettre des émotions fortes par le biais de scènes de poids et haletantes. Steven Spielberg a toujours su maîtriser son sujet en ce qui concerne la transmission d’émotions. La scène finale est d’une puissance incroyable, toute la frustration que l’on a accumulée durant le visionnage s’évacue et laisse place à une jouissance non dissimulée. Du grand cinéma et un Steven au sommet de son art.


La liste de Schindler n’est pas juste un film sur la Shoah, c’est un film sur l’humain, sur ses multiples facettes et ce qu’il est capable de produire, en mal ou en bien. Il est à la fois positif et négatif sur nos intentions, mais malgré le beau message final, il est réalisé dans une perspective réaliste du genre humain. C’est un des plus beaux portraits que j’ai pu voir et son message est magnifié par sa très belle réalisation et ses incroyables acteurs. On dit que l’amour tue et que la haine maintient en vie. Ce film montre que les deux peuvent sauver des vies.

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le 23 mars 2018

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MatthieuS

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