Factuellement, le film n'a rien d'extraordinaire, pour cause, la vie de Thierry est extrêmement ordinaire. C'est là la grande réussite de Stéphane Brizé, signer un portrait d'une vérité triste mais prenante.
Vincent Lindon mène le film, mais accompagne surtout des choses qui le dépasse, lui et même son personnage. Avec ce rôle, presque secondaire finalement, il se fait l'ambassadeur des petites gens. L'histoire de vie de Thierry est significative de la société actuelle dans ce qu'elle a de plus méprisable. Son parcours est d'abord une descente aux enfers face à l'escalade de l'humiliation qu'il subit. En plus d'être un vrai reflet du chômage en France, l'enchainement des rendez-vous agresse sa dignité d'humain. Mais Thierry n'est pas seul dans ce cas. Quand sa situation va, à peu près, s'arranger, il va rencontrer d'autres miséreux. La confrontation est terrible.
La loi du marché, c'est la nouvelle loi de la jungle. Le monde est tel que pour s'en sortir la facilité va à l'égoïsme. Chaque scène est une franche illustration des déchirements de notre société. On ne peut rien lâcher; le boulot est vital, les négociations sont dures, chacun défend son bifteck, les points de fidélité et de réduction sont précieux, même les meilleures âmes se vendent. Le constat est terrible, mais juste.
Ce qui est frappant dans cette histoire c'est qu'elle est fortement équilibrée. Le propos est très engagé, mais jamais manichéen. Tout est mauvais, mais tous ont du bons. Tout va mal, mais tout pourrait aller mieux. Dans cette jungle, un rien peut renverser la machine infernale; un machin appelé capitalisme.