Après avoir beaucoup aimé Quelques heures de printemps et avoir été totalement ébloui par la bande annonce de La Loi du marché j'ai absolument voulu voir ce dernier, j'adore le cinéma social comme je le répète à chaque fois. J'aime ce cinéma vérité, humain et sincère, et outre les frères Dardenne je viens de trouver un autre très bon dans le genre, Stéphane Brizé.
Au delà de ce cinéma vérité proche du documentaire ce qui m'a attiré vers ce film c'est en grande partie son acteur principal, Vincent Lindon, ce mec si simple qui se retrouve facilement dans le top 10 de mes acteurs français préférés. Cet acteur profond et sincère au possible, ça change vraiment de certains lèche cul. Il a fait son chemin tranquillement, et a toujours su se fondre dans ses rôles, ici il est clairement à l’apogée de sa carrière, sans avoir vu tous ses films, j'ai l'impression qu'il signe ici sa prestation la plus transcendante. Ce rôle lui aura d'ailleurs valu le prix d’interprétation masculine à Cannes, sa première récompense, il était temps bon sang, d'ailleurs son discours à Cannes fut fort émouvant.
Bref au delà de l'homme, l'acteur est magistral dans ce film poignant et d'une crédibilité absolue, il est quasiment de tous les plans et même à travers son regard il nous fait oublier Vincent pour nous faire suivre Thierry. Un homme de 51 ans, marié, père d'un fils handicapé, mais sans emploi depuis 18 mois, après une dure période de recherche il finira par trouver un poste d'agent de sécurité dans un super-marché.
Brizé retrouve pour la troisième fois ce qu'on pourrait désormais appeler son acteur fétiche et le plonge dans un univers qui est malheureusement celui de beaucoup de gens dans le monde, le travail se fait rare et les films sur ce sujet affluent, mais tous ne sont pas aussi réussi que celui ci.
Là où Brizé fait fort également, c'est sur le casting, car mis à part Lindon, si je ne dis pas de bêtises tous les autres acteurs sont des non-professionnels, en gros, les caissières du magasin sont les vraies caissières du magasin. Ce qui pourrait être péjoratif car toutes personnes n'est pas forcément crédibles devant une caméra, et pourtant, peut être que Brizé les a bien dirigé, ou au contraire, peut être a-t'il laissé les gens faire, mais personne n'est mauvais, à l'inverse, ils transpirent tous la crédibilité.
Niveau scénario, c'est un parcours simple, plan sur la recherche d'emploi, plan sur la famille, plan sur le travail etc..., la vie purement et simplement, et j'aime ça, surtout quand c'est si prenant, si fort, je pense notamment à la scène du mobil-home, où la caméra ne peut exister, où les techniciens derrières ne peuvent être là, c'est tellement juste, tellement vrai, que ça ne peut être joué.
En terme de réalisation, Brizé filme souvent son acteur de profil et bouge pas mal, une sorte de tremblement, mais d'un coté je trouve ça juste et ça nous intègre bien dans l'histoire, un peu à la manière des Dardenne encore, les plans séquences reviennent d'ailleurs souvent eux aussi.
En bref, la mise en scène, j'en parle pas, j'en ai déjà beaucoup dit, c'est d'une perfection bluffante, Lindon m'a foutu les boules dès le premier plan tellement il est son personnage et en terme d'histoire, Brizé évite tous les clichés stupides de ce genre de film.
Voilà je ne sais quoi dire de plus, sincère, fort, prenant, vrai, juste, efficace, je n'ai plus qu'à me jeter sur les autres films du monsieur que je n'ai pas encore vu.