Parler du chômage à travers le médium d'un personnage torturé pourrait paraître comme un sujet facile et calibré pour recevoir des prix. Pourtant La Loi du marché s'avère plus subtil qu'il en a l'air.
Tout commence de manière très désincarnée et presque incisive, ce sera d'ailleurs le sel du film, Vincent Lindon face à un agent Pôle Emploi clame son mécontentement envers ce système qui n'informe pas ses composants, les laissant dans l'impasse et au bord du gouffre. C'est principalement de cela que nous parle le film, car au-delà d'un simple long-métrage sur la dureté du quotidien des chômeurs La Loi du marché prend des directions très intéressantes dès lors que la victime devient petit à petit un bourreau, c'est une loi dure celle d'un jungle moderne où lutter pour la survie signifie souvent de devenir sans concession.
Au coeur de tout ce postulat, Vincent Lindon compose un personnage simple mais très organique. Le charisme brutal de l'acteur dessert parfaitement le rôle et lui confère une animalité à la fois dure et touchante. Loin d'une simple victime, Stéphane Brizé choisit d'organiser la narration du film à travers ce personnage finalement réaliste car sans fioriture. Bien que l'on sente l'ambition de performance souhaité par le réalisateur pour le rôle de son acteur, Lindon parvient à insuffler ce qu'il faut pour ne pas tomber dans la caricature.
La réalisation quant à elle est dans la pure tradition du cinéma de Brizé, des plans séquences épurés qui révèlent une complexité de jeu pour les acteurs, des univers visuels qui renvois directement aux émotions des personnages et un minimalisme constant.
Stéphane Brizé ne manque pas d'ambition avec La Loi du marché, mais il faut bien avouer qu'il possède les bons outils et les bonnes idées pour se justifier. Vincent Lindon porte sur ses épaules un film froid et humain, dans lequel il rayonne de justesse.