A travers les obsessions de Gérard Delmas, Jean-Jacques Beineix dénonce notre société à deux vitesses où les déshérités n'arrivent pas à communiquer avec les riches désoeuvrés.
Pour ce faire, il film des ruelles sombres aux façades lépreuses, des intérieurs lugubres, des bistrots sales et sordides; mais il le fait avec de magnifiques images en contradiction avec ce qu'il veut dénoncer. Ainsi la vue nocturne du port symbole déshumanisé de l'activité industrielle nous fait-elle rêver à un coucher de soleil sur le Bosphore, bien plus attirante que l'image récurrente d'une publicité: "Try another world".
Il en ressort l'impression que le monde décrié est factice, fantasmé. Jean-Jacques Beineix dénonce un monde imaginaire: le monde déformé par les utopiste.
Prudemment, il ne propose pas d'alternative.
Victoria Abril nous montre généreusement son corps (merci Victoria), mais annone péniblement son texte car les acteurs sont mal dirigés. Même Gérard Depardieu peine à convaincre notamment lors de sa scène de colère, trop factice. Tout cela sonne comme une sorte de rémanence de la nouvelle vague. Est-ce voulu?
Quant à ce jeune déshérité qui renonce à l'amour de la fille riche à cause de l'incommunicabilité entre les classes: quelle connerie! Regardez autour de vous monsieur Beineix: il y a tous les jours des jeunes sans emploi et à l'écart de la société qui épousent des filles de bourgeois par amour...de l'argent des parents.
Ce film aurait pu être un chef d'œuvre si le réalisateur avait fait le choix de montrer volontairement le ridicule des visions utopistes d'une fausse élite intellectuelle. Malheureusement, il tombe lui-même dedans. Dommage!