La Machine à écrire et autres sources de tracas par Fenetre_sur_salle

Dernier volet de la trilogie du documentariste Nicolas Philibert.


Après avoir posé sa caméra dans un centre de jour flottant sur la Seine dans Sur l'Adamant et dans deux unités hospitalières dans Averroes & Rosa Parks, sorti il y a quelques semaines seulement, il conclut cette plongée dans le monde des troubles psychiatriques par un dernier volet plus léger, mais pas si anecdotique, posant cette fois-ci sa caméra au domicile de quatre patients qui reçoivent la visite de soigneurs/bricoleurs pour leur venir en aide dans la réparation d'objets du quotidien, mais aussi pour leur apporter un peu de compagnie, maintenir ce lien.


Une machine à écrire, un lecteur CD, une imprimante, des vinyles, comme autant d'objets indispensables à leur quotidien, comme autant de repères qui structurent et rythment leur vie mais surtout qui accompagnent leur grande solitude.


Car c'est finalement ce qui aura parcouru les trois volets de cette trilogie : ce vertigineux sentiment d'ennui et la difficulté de créer du lien lorsqu'une pathologie vous relègue en périphérie de la société.


La mission de ces apprentis bricoleurs prend alors tout son sens. Réparer les objets lorsqu'il devient trop compliqué de réparer les vivants... Faire du tri, ranger, lorsque tout est en désordre dans sa tête...


Qu'ils écrivent des poèmes, jouent du piano ou dessinent, tous ont en commun une sensibilité artistique. L'Art comme échappatoire mais aussi comme moyen d'expression lorsque la pensée est confuse et le rapport à l'autre compliqué.


Plus intime et plus dépouillé, le documentaire ne s'en révèle pas moins touchant. La simplicité du dispositif permet une plus grande proximité entre le spectateur, les personnages, et même le documentariste (qui se laisse aller à une ou deux interventions discrètes).


Et c'est finalement avec beaucoup d'émotion que l'on voit cette trilogie se refermer tant l'on aurait aimé continuer à prendre des nouvelles de ces personnages attachants et qui nous renvoient à notre propre humanité.


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le 21 avr. 2024

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