La Machine à tuer les méchants par Adobtard
Quelle étrange surprise que ce Rossellini !
Vous connaissez tous (en tout cas si vous êtes tombé sur ma critique) Rosselini, mais pour ses films néo-réalistes qui font autorité dans n'importe quel livre d'histoire du cinéma un tant soit peu crédible, donc Allemagne année zéro, Stromboli, Voyage en Italie, ou encore Rome ville ouverte. Des films donc sérieux au possible, ancrés d'ailleurs par définition dans la réalité la plus stricte, tournés dans des décors naturels en extérieur pour pousser le réalisme au maximum, ce genre de choses... Ou l'on nous dépeind l'Italie de l'après guerre, dans tout ce qu'elle a de plus cru et dur. Alors pour ma part je n'en suis pas grand amateur. Mais j'ai quand même voulu tenter celui ci encore lors du festival Lumière, de par son titre des plus aguicheurs ("La machine à tuer les méchants" ??!), par simple culture aussi, un Rosselini non noté sur SC c'est tentant, et puis encore parceque c'est un film qui vient tout droit de la cinémathèque de Turin, qui n'a il me semble jamais été édité en DVD, et qui est donc très rare. Une occasion unique, ça dure 1h15, on a pas grand chose à perdre.
Et bien j'ai été proprement enchanté ! Incroyable mais vrai, Rosselini nous offre dans ce bijou méconnu une pure comédie à faire palir d'envie les maitres de la comédie américaine, britannique, ou française contemporains.
On y trouve en plus tout un tas de caractéristiques de ses autres films, à savoir donc encore une fois une oeuvre filmée en plein air, puis cette capacité (que je n'ai que rarement ressenti ailleurs je l'avoue, mais pour laquelle il est réputé et reconnu) à trouver et transmettre les petits moments parfaits de la vie, ceux qui respirent la vérité et finalement la beauté, ce genre de choses.
Mais surtout un scénario plein de rebondissements incroyables (pour l'époque hein, on est pas dans du Mo Lei Tau HK non plus !), plein d'idées visuelles qui m'ont laissé sur le cul, comme par exemple juste l'introduction, avec une courte partie d'animation presque, ou il met en place le décors de sa petite fable de la façon la plus charmante qu'il soit. Car c'est aussi une petite fable. En fait un film qui fait figure de pionnier dans le vaste répertoire de la comédie à l'italienne (avec tout les Monicelli qui vont suivre, ce genre de films, ce n'est pas mon domaine de prédilection, mais c'est à creuser), et l'on y trouve d'ailleurs pour marquer ce côté si enjoleur de la fable, une petite morale finale, que je tairais afin de vous laisser la surprise.
Pour ce qui est de l'histoire elle même, je lui ai trouvé un petit gout "La vie est belle" de Capra. Et bien voila, aussi saugrenu soit-elle, [SPOIL] c'est l'histoire d'un Saint qui a bien du mal avec sa ville, car tout va à vau-l'eau. Les gens sotn méchants. Ils sont méchants car ils sont malheureux. Et ils sont malheureux car ils sont pauvres. Enfi nce n'est pas de cet oeil que le voit Saint André, et sa solution, consiste, purement et simplement, à exterminer le mal à sa racine, et donc à tuer les méchants. Pour de bon. Et pour ce faire il jette son dévolu sur Celestino (si ma mémoire est bonne), et lui met entre les mains après en avoir fait la démonstration sa fameuse machine à tuer les méchants. Vous l'aurez deviné, un appareil photo ! (Non, vous ne l'attendiez pas ? Moi non plus) Il suffit de photographier une photo de quelqu'un, pour que celui ci se retrouve mort, figé, dans l'exacte position ou il a été photographié. Du reste il va sans dire que Celestino a bien du mal à restaurer l'ordre dans sa petite ville, et tout les miracles de Saint André n'y changent pas grand chose, les gens sont méchants, se disputent pour le bénéfice des miracles en question, et rien y fait. Celestino apprendra ainsi que juger les méchants est une affaire des plus compliquées, et que bien souvent en éliminer un ne conduit qu'à l'apparition de deux autres pour le remplacer. [FIN DU SPOIL]
En bref une pure comédie, proprement hilarante, enfin si elle ne fait pas éclater de rire d'un bout à l'autre, on rigole souvent franchement, et le sourire ne quitte pas nos lèvres du début à la fin.
Si vous en entendez parler pas loin de chez vous, ne faites ni une ni deux, foncez !
(Voila pour toi Thieu !)
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