Bienvenue chez les rednecks extrémistes, ceux qui n’aiment pas vraiment leurs voisins quand ces derniers ne leur ressemblent pas. Costa-Gavras danse sur des charbons ardents et remplit la gamelle à rabord de tout ce qui peut caractériser un bon raciste bien détestable, commençant par une veillée de camp autour de quelques croix enflammées et terminant par un monologue fleuri d’injures raciales tenu par une petite fille qui ne comprend pas ce qu’elle dit.
Je comprends la démarche, elle est plus que louable, mais la méthode pour une fois ne me convainc pas vraiment. Mise en scène sans idée, à la limite du téléfilm, une ribambelle d’acteurs désastreux dont la seule exception est un Tom Béranger allergique à la différence (v’la le niveau)... si encore tout ça était au service d’une histoire originale, j’aurais pu passer outre, mais c’est loin d’être le cas.
D’une part, Costa-Gavras peine à maintenir un rythme de croisière suffisant, résultat on s’ennuie quand même ferme pendant un sacré moment. D’autre part, il faut être prêt à avaler des couleuvres pour se laisser porter jusqu’à l’attentat final. Pas de bol, j’avais bien abusé du goûter, conséquence, plus de place pour une quelconque bouchée d’ophidien. J’ai presque fini la séance par politesse pour un cinéaste que j’estime beaucoup, mais l’excitation de la première heure, plutôt réussie dans sa manière d’aborder le sujet et de mettre en place les personnages (la scène marquante du film s’y trouve, et quelle scène) s’est cassée la tronche bien vite ensuite.
Bref, si vous n’avez encore rien vu du bonhomme, il y a mieux à voir dans sa filmo, assurément. Dans le cas inverse, vous pouvez tenter le voyage, mais soyez prévenus, on est loin de ses plus belles réussites : La main droite du diable est un film anecdotique à mes yeux, ampoulé par des maladresses (lieux communs et grosses ficelles) que je n’avais pas encore vues jusqu’ici dans le cinéma de Costa-Gavras.