Film de Costa-Gavras réalisé aux USA en 1988 dont le sujet concerne ces groupes paramilitaires américains prônant le racisme et la défense de la race américaine et blanche et conservatrice.
Point de départ : un célèbre animateur radio connu pour son franc-parler et ses provocations est assassiné. Pour le FBI, le crime est signé probablement par une organisation d'extrême-droite inconnue.
Le film : une jeune femme Cathy (Debra Winger) du FBI, débutante, est envoyée pour infiltrer un groupe d'activistes repérés dans une région agricole très conservatrice du Middle West.
Bingo : elle réussit tellement bien sa mission qu'elle tombe amoureuse de Gary, un jeune veuf (Tom Berenger) qui va s'avérer être une pièce centrale du groupe clandestin. Elle est très rapidement introduite et adoptée par sa famille et ses deux jeunes enfants. Tout aussi rapidement et sans trop de peine, elle découvre la vraie nature xénophobe et raciste de Gary.
Mais qui peut croire une telle fable ? Je ne nie certainement pas qu'il puisse y avoir de tels activistes. Je ne nie pas non plus qu'il puisse y avoir des chasses de nuit (où le gibier est un noir …), encore moins qu'il y ait des camps d'entrainement et des messes "rituelles" pour célébrer et défendre la bonne race chrétienne et blanche contre les actions destructrices des (nombreux) "autres". Il y a bien assez de tordus, de malades, de fanatiques en tous genres de par le vaste monde en général et aux US en particulier pour n'avoir aucune peine à les imaginer.
Non ce n'est pas du tout ça que je critique. Ce qui n'est absolument pas crédible, c'est le caractère finalement "ouvert" de l'organisation. Je suis bien certain que la survie de telles organisations est assurée par un hermétisme ou un cloisonnement sans faille. Ce sont des gens super méfiants car ils ne sont pas xénophobes pour rien. Faute de quoi, ça ferait bien longtemps que le problème terroriste aurait été résolu. Donc voir une jeune femme, débutante, lancée au milieu de gens potentiellement aussi dangereux, quasiment sans le moindre échelon local de soutien, ne me parait pas crédible du tout. Sauf à envoyer un agent au casse-pipe. Même la libido d'un jeune veuf (en manque face à une belle jeune femme) n'explique pas tout … Même la jalousie d'un ancien amant au FBI ne peut pas justifier une telle erreur de stratégie. Et pire, c'est que les rares du groupuscule qui soupçonnent la jeune femme ne vont pas au bout de leur démarche et s'offusquent mollement de sa présence.
C'est dommage car les acteurs ont beau jouer leur rôle comme il faut, je ne peux pas m'empêcher de chercher (et de trouver) les invraisemblances du film. Et ce n'est pas ce qui manque.
Spoiler : à la fin, alors que Gary a eu en main la preuve formelle que Cathy est un agent spécial du FBI, il n'a même pas l'idée, ce benêt, de fouiller son sac qui contient un flingue qu'elle va utiliser contre lui. Il est tellement amoureux qu'il n'a même pas l'idée d'utiliser sa carabine pour se défendre. Et elle, après une grande scène larmoyante avec ses collègues du FBI, elle ne trouvera rien de mieux à faire que de retourner au village pour serrer dans ses bras les enfants de Gary sans que personne n'y trouve à redire. Si le propos de Costa-Gavras de conclure à la toute-puissance occulte de ces réseaux était si vrai (pourquoi pas), je serais en droit de m'attendre à ce que le film se termine par l'assassinat de Cathy. C'est la moindre des choses pour un réseau terroriste ou du Ku Klu Klan pris dans la main dans le sac que de venger les martyrs !
Au final, ce film de Costa-Gavras ne me parait pas être une grande réussite. Est-ce le scénario qui est un peu trop de bric et de broc, cousu de gros fil blanc, est-ce le mélange des genres entre film d'espionnage et film romantique ? Je crains bien que ce soit un peu de tout ça.
En ce qui me concerne, Costa-Gavras a raté sa cible. Reste les belles images, la réalisation de bon niveau, le jeu des acteurs qui, les pauvres, font ce qu'ils peuvent sur le scénario de ce film. Il y a de l'action et on ne s'y ennuie pas même si on n'y croit pas trop...
Mais ce n'est pas ce que je pouvais attendre d'un tel sujet.