L'histoire de Faust à travers les âges.
Le charme du genre fantastique d'antan opère comme toujours chez moi, avec ses personnages secondaires curieux avides de faits surnaturels, ses protagonistes cupides mais inquiets, et la simplicité efficace de la technique et du fil narratif. Et quand le spectacle est assuré par la famille Tourneur, nous pouvons être sûr d'être bien servis. Pendant que le fils Jacques s'occupe de son surprenant Homme-Léopard, le père présente alors cette Main du Diable, qui commence comme tout bon film du genre, c'est-à-dire dans une auberge aux clients sympathiques mais bougons, écoutant un homme angoissé et paranoïaque avec une étrange boite sous le bras et une histoire non banale à raconter... qui se terminera avec une relecture très astucieuse de Faust au fil des siècles, que le cinéaste met en scène dans des décors expressionnistes cohérents avec le conte allemand. Tourneur n'oublie pas et met même en avant la dimension tragique et "damnatio memoriae" du mythe de Goethe - et n'oscille pas dans la série B, comme beaucoup d'autres cinéastes du genre s'y seraient aventurés. Un film simple mais charmant, qui manque peut-être légèrement d'ambition mais qui est parfaitement maîtrisé.