Sous les jupes, défilent
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le 16 nov. 2022
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Vu en avant-première mardi soir. En présence – entre autres – de sa réalisatrice Anissa Bonnefont, toute fière de montrer dans son film des hommes nus à l’écran, chose trop rare aujourd’hui selon elle… Penser à lui expliquer un de ces quatre que ses confrères français ne sont de loin pas les derniers pour désaper les hommes (ce qui est tout à fait réglo), et que tu peux en voir des nus à l’écran toutes les deux semaines – pour peu bien sûr que tu t’intéresses un minimum à la production hexagonale. Aparté clos, mais remettons tout de même les pendules à l’heure.
Mais si son film ne se distingue aucunement en termes de nudité masculine, il s’avère en revanche autrement plus généreux en termes de nudité anagirardotine. J’aime bien cette actrice – qui a en plus joué dans déjà pas mal de bons trucs – et je dois bien avouer avoir été assez (positivement) surpris de la voir se foutre autant à poil ici. Sans être une vedette de premier plan, elle a tout de même déjà fait son petit trou dans le cinoche français, et ce ne sont pas toutes les actrices de sa ligue qui auraient accepté le full frontal à répétition et de se faire prendre dans tous les sens, levrettes comprises, devant la caméra. Alors c’est pas non plus Charlotte Gainsbourg dans Nymphomaniac, hein, je vous arrête tout de suite ; ça prend bien soin de toujours rester très court et visuellement très glamour – ce que le contexte de la maison close doit pouvoir justifier j’imagine –, mais tout de même, c’est assez courageux de la part de son actrice de se dévoiler autant.
(j’ai bien conscience de n’avoir parlé jusqu’ici que de nudité et de cul : je plaide coupable d’être si trivial, mais puisque c’est le sujet du film, et que je ne suis pas tenu d’élever le débat, soyons fous !)
Ceci étant dit…
Le film n’a hélas rien à raconter sur son sujet... Alors je n’ai pas lu – et n’ai pas l’intention de lire – le papier homonyme d’Emma Becker, mais ce film, lui, se contente d’enfiler platement les clients-types (parmi lesquels – en vrac – le puceau tardif, le beau gosse, le coké, le malade, le violent, le vieux sympa ou encore la femme hétéro curieuse – la fameuse) pour diversifier au mieux les situations et les réactions. OK… sauf que ces « rencontres » sont toutes bien trop courtes, bien trop sages... Le film n’instaure jamais le moindre malaise ni la moindre excitation (pas forcément sexuelle – je te vois venir). Il enfile poliment ces passes tartes à la crème sans rien proposer d’intéressant.
Ni là-dessus ni sur les intervalles entre putes (on se serre les coudes et on rigole entre copines, OK – c’était la cuvée 2022 sur le sujet, à l’année prochaine, avec de nouvelles actrices) ni sur ceux avec la sœur ou le copain (qui a d’ailleurs une tête de prédateur sexuel que j’étais convaincu d’avoir déjà vue quelque part et, après vérification : oui ! dans Les Apparences il y a deux ans, dans lequel il jouait effectivement le harceleur de Karin Viard – j’invente rien !). Allez, je retiens vite fait Aure Atika, qui a une scène rigolote (et je peux vous dire que la princesse Al Tarouk a une fois de plus laissé son sang royal au vestiaire), mais globalement, tout ça manque vraiment de cinéma…
Concrètement, j’ai vraiment eu l’impression de regarder la version pute des Tribulations d'une caissière, quoi.
Après, j’ai vraiment rien contre le discours de fond, sur l’écoute de ses désirs et la validation de la prostitution choisie (perso, je suis pour sa légalisation en France – sans avoir l’intention de consommer je précise), mais bon, le film se borne à ça... à un témoignage scolaire, pas bien intéressant en soi et très sagement mis en scène.
Bref. C’est parfaitement anecdotique, et ce sera oublié dans deux mois. Reste qu’Ana Girardot y est à poil une scène sur deux… et qu’en vrai, ça occupe largement les yeux pendant une heure et demie. Et au fond, si tous les films anecdotiques avaient cet atout, le monde serait un endroit infiniment moins triste.
Créée
le 10 nov. 2022
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