Le Couvent de la Tourette
En décembre, les meilleures comédies jettent l'ancre à l'Archipel !
Et pour cause, outre le jeu de mots/sonorités douteux qui m'a inspiré le titre, celui-ci reflète aussi par un parallèle léger les atmosphères respectives des deux œuvres : Eva Neymann pour La Maison à la Tourelle, et ce bon vieux bout-en-train de Corbusier pour l'hilarant couvent (Sainte-Marie) de la Tourette !
C'est que, voyez-vous, à l'Archipel pas de blagues : on est là pour rigoler.
C'est pourquoi, entre les Voyages de Sullivan, Tric-Trac, et autres Diamants sur canapé, ce petit film ukrainien s'inscrit comme le mètre étalon de la franche poilade.
Jugez-donc :
Le scénario, qui n'est pas sans rappeler dans son rocambolesque le Wodehouse qui m'a servi de mise en bouche dans le métro et de digestif au retour, se compose donc comme un véritable vaudeville, riche en rebondissements et quiproquos en tous genres. C'est bien simple, on ne sait plus où donner de la tête : un enfant voit mourir sa mère, s'embarque dans un train pour retrouver son grand-père, et, et, euh, et, euh... Bon, mais je ne veux pas vous gâcher la fin, allons.
Parce-que, de toute façon, ce qui apporte finalement la touche de charme à ce film, c'est bel et bien le côté road-movie du voyage en train. Oubliez votre fadasse Easy-Rider, ici vous découvrirez du paysage ! Et sans mauvais esprit, la photographie est de qualité.
Et les protagonistes ! Mazette, la profondeur paléontologique des fouilles effectuées dans leur personnalité est décoiffante ! En une heure trente, c'est à peine croyable d'arriver à une telle intimité avec eux, comme si vous les aviez vu grandir ! Tous plus attachants les uns que les autres : ce petit fripon de grand-père, l'indécrottable mutilé de guerre alcoolique et son guilleret camarade aveugle, l'avenante policière qui ressemble trait pour trait à une allemande nourrie au régime patate-saucisse-bière (à la réflexion, la jovialité induite par cette dernière en moins) depuis son premier biberon, j'en passe et des meilleures !
Car c'est sociologiquement que le film prend toute son ampleur, dans les rapports qu'ils entretiennent. Réalistes dans leur description, ces rapports basés sur l'humanité ravalent Barberousse au rang de grossièreté individualiste, et classent ipso facto son réalisateur parmi les fascistes les plus endurcis.
Allez, le caissier de l'Archipel est sympathique comme tout, un certain M. Truffaut je crois, très renseigné sur le film, un peu plus et il m'en racontait la fin.